"Le motif de base de la résistance était l'indignation. Nous vétérans des mouvements de résistance et des forces combattantes de la France libre, nous appelons les jeunes générations à faire vivre, transmettre, l'héritage de la résistance et ses idéaux. Nous leur disons : prenez le relais, indignez-vous ! Les responsables politiques, économiques, intellectuels et l'ensemble de la société ne doivent pas démissionner, ni se laisser impressionner par l'actuelle dictature des marchés financiers qui menacent la paix et la démocratie.

Je vous souhaite à tous, à chacun d'entre vous d'avoir votre motif d'indignation. C'est précieux."

Stéphane Hessel

vendredi 30 mars 2018

A Bali comme ailleurs ... la mer poubelle


Si l’on s’en tient au volet économique, le tourisme est un marqueur du monde contemporain né avec les congés payés. Même les mots portent témoignage de son succès. Il ne suffit plus d’« être en vacances » ; il faut « partir en vacances », « faire le Japon ou le Costa Rica » pour être moderne. C’est une injonction !



Rodolphe Christin, auteur du « Manuel de l’antitourisme », dresse un bilan négatif du tourisme tel que l’Occident l’a inventé au XIXe siècle. « Il n’a pas fait progresser la paix entre les peuples, il n’a pas résolu les problèmes du monde. A-t-il seulement contribué à une meilleure compréhension interculturelle ? Pas sûr »


Là-bas comme ici ou ailleurs,
tous responsables, tous coupables.
Qu’il soit « éthique » ou de masse, 

le tourisme épuise le monde.

mercredi 21 mars 2018

Les oiseaux disparaissent des campagnes françaises à une « vitesse vertigineuse »


Ce déclin « catastrophique », d’un tiers en quinze ans, est largement dû aux pratiques agricoles, selon les études du CNRS et du Muséum d’histoire naturelle


Le printemps risque fort d’être silencieux. Le Muséum national d’histoire naturelle (MNHN) et le Centre national de la recherche scientifique (CNRS) annoncent, mardi 20 mars, les résultats principaux de deux réseaux de suivi des oiseaux sur le territoire français et évoquent un phénomène de « disparition massive », « proche de la catastrophe écologique ». « Les oiseaux des campagnes françaises disparaissent à une vitesse vertigineuse, précisent les deux institutions dans un communiqué commun. En moyenne, leurs populations se sont réduites d’un tiers en quinze ans. »

Attribué par les chercheurs à l’intensification des pratiques agricoles de ces vingt-cinq dernières années, le déclin observé est plus particulièrement marqué depuis 2008-2009, « une période qui correspond, entre autres, à la fin des jachères imposées par la politique agricole commune [européenne], à la flambée des cours du blé, à la reprise du suramendement au nitrate permettant d’avoir du blé surprotéiné et à la généralisation des néonicotinoïdes », ces fameux insecticides neurotoxiques, très persistants, notamment impliqués dans le déclin des abeilles, et la raréfaction des insectes en général.

Plus inquiétant, les chercheurs observent que le rythme de disparition des oiseaux s’est encore intensifié ces deux dernières années.

Résultats de deux réseaux de surveillance

Le constat est d’autant plus solide qu’il est issu de deux réseaux de surveillance distincts, indépendants et relevant de deux méthodologies différentes. Le premier, le programme STOC (Suivi temporel des oiseaux communs) est un réseau de sciences participatives porté par le Muséum national d’histoire naturelle. Il rassemble les observations d’ornithologues professionnels et amateurs sur l’ensemble du territoire et dans différents habitats (ville, forêt, campagne). Le second s’articule autour de 160 points de mesure de 10 hectares, suivis sans interruption depuis 1994 dans la « zone-atelier du CNRS » Plaine et val de Sèvre, où des scientifiques procèdent à des comptages réguliers.

« Les résultats de ces deux réseaux coïncident largement et notent une chute marquée des espèces spécialistes des plaines agricoles, comme l’alouette », constate l’écologue Vincent Bretagnolle, chercheur au Centre d’études biologiques de Chizé, dans les Deux-Sèvres (CNRS et université de La Rochelle). « Ce qui est très inquiétant est que, sur notre zone d’étude, des espèces non spécialistes des écosystèmes agricoles, comme le pinson, la tourterelle, le merle ou le pigeon ramier, déclinent également. »

Sur la zone-atelier du CNRS – 450 km2 de plaine agricole étudiés par des agronomes et des écologues depuis plus de vingt ans –, la perdrix est désormais virtuellement éteinte. « On note de 80 % à 90 % de déclin depuis le milieu des années 1990, mais les derniers spécimens que l’on rencontre sont issus des lâchers d’automne, organisés par les chasseurs, et ils ne sont que quelques rescapés », précise M. Bretagnolle.

Déclin massif des insectes

Pour le chercheur français, « on constate une accélération du déclin à la fin des années 2000, que l’on peut associer, mais seulement de manière corrélative et empirique, à l’augmentation du recours à certains néonicotinoïdes, en particulier sur le blé, qui correspond à un effondrement accru de populations d’insectes déjà déclinantes ».

A l’automne 2017, des chercheurs allemands et britanniques conduits par Caspar Hallmann (université Radboud, Pays-Bas) ont, pour la première fois, mis un chiffre sur le déclin massif des invertébrés depuis le début des années 1990 : selon leurs travaux, publiés en octobre dans la revue PloS One, le nombre d’insectes volants a décliné de 75 % à 80 % sur le territoire allemand.

Des mesures encore non publiées, réalisées en France dans la zone-atelier Plaine et val de Sèvre, sont cohérentes avec ces chiffres. Elles indiquent que le carabe, le coléoptère le plus commun de ce type d’écosystème, a perdu près de 85 % de ses populations au cours des vingt-trois dernières années, sur la zone étudiée par les chercheurs du CNRS.

« Or de nombreuses espèces d’oiseaux granivores passent par un stade insectivore au début de leur vie, explique Christian Pacteau, référent pour la biodiversité à la Ligue de protection des oiseaux (LPO). La disparition des invertébrés provoque donc naturellement un problème alimentaire profond pour de nombreuses espèces d’oiseaux et ce problème demeure invisible : on va accumuler de petites pertes, nid par nid, qui font que les populations ne sont pas remplacées. »

Dégradations profondes de l’environnement

La disparition en cours des oiseaux des champs n’est que la part observable de dégradations plus profondes de l’environnement. « Il y a moins d’insectes, mais il y a aussi moins de plantes sauvages et donc moins de graines, qui sont une ressource nutritive majeure pour de nombreuses espèces, relève Frédéric Jiguet, professeur de biologie de la conservation au Muséum et coordinateur du réseau d’observation STOC. Que les oiseaux se portent mal indique que c’est l’ensemble de la chaîne trophique [chaîne alimentaire] qui se porte mal. Et cela inclut la microfaune des sols, c’est-à-dire ce qui les rend vivants et permet les activités agricoles. »

La situation française n’est pas différente de celle rencontrée ailleurs en Europe. « On est dans la continuité d’une tendance lourde qui touche l’ensemble des pays de l’Union européenne », note M. Jiguet. Est-elle réversible ? « Trois pays, les Pays-Bas, la Suède et le Royaume-Uni, ont mis en œuvre des politiques nationales volontaristes pour inverser cette tendance lourde, en aménageant à la marge le modèle agricole dominant, explique Vincent Bretagnolle. Aucun de ces trois pays n’est parvenu à inverser la tendance : pour obtenir un effet tangible, il faut changer les pratiques sur des surfaces considérables. Sinon, les effets sont imperceptibles. Ce n’est pas un problème d’agriculteurs, mais de modèle agricole : si on veut enrayer le déclin de la biodiversité dans les campagnes, il faut en changer, avec les agriculteurs. »

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Merci Nicolas Hulot pour cette interpellation dans l’Hémicycle. 
Ils ont applaudi ... ils ont donc approuvé ? On est sauvé ?

Bruno BOMBLED : Les insectes ont commencé par disparaître, aujourd'hui ce sont les oiseaux, demain ce sera nous. On peut créer des abeilles "robotisées" pour permettre la pollinisation, mais empêcher Monsanto de tuer les "vraies", ça on peut pas ?!?! A la lumière de cette réflexion, de bon sens lue sur Facebook et que je partage, n'est on pas en droit de ce demander s'il existe-t-il une forme d'intelligence sur cette terre ailleurs que chez les écolos ? Quel avenir pour demain ? L'effondrement à n'en pas douter, comme le club de Rome, "ces gens qui ont eu raison trop tôt", selon mon collègue Jean Jouzel, l'a annoncé si nous ne changeons rien. L'effondrement à n'en pas douter car l'essentiel, pour mes concitoyens, c'est qu'ils puissent partir en vacances à l'autre bout de la planète, avoir le dernier i-phone et bouffer du Nutella. Alors les oiseaux et les petites fleurs, vous comprenez que de cela, ils s'en foutent comme de leur première chemise. L'humanité disparaîtra ... bon débarras !


Signez la pétition 
lancée par Pierre LUCOT sur Change.org

Photo : Mike Lane. Naturimages

samedi 10 mars 2018

Protéger jusqu’à la destruction


A quoi cela sert-il de créer des espaces protégés si c'est pour les détruire à la moindre occasion consumériste ? A quoi cela sert-il de protéger le vivant si nous n’y voyons qu’une épine dans le pied du développement ? Dernièrement on aura pu voir, au JT de France 2, et lire sur leur site, des informations intéressantes sur le peu de valeur que nous portons à ce que nous protégeons.

Ainsi à Pyeongchang, le site de Jeongseon, réservé aux épreuves de ski alpin, aura été entièrement créé pour ces Jeux olympiques 2018. Pour cela, les organisateurs ont abattu des dizaines de milliers d'arbres vieux de 500 ans. Les associations environnementalistes sud-coréennes s'y sont opposées depuis des années. En vain. Avant les travaux, il n'y avait que de la forêt à cet endroit, pas l’ombre d’une station de ski. Après les travaux, on découvre une large cicatrice dans la montagne. 78 hectares de forêt auront été rasés, plus de 50 000 arbres abattus dans une zone classée « zone protégée » … enfin, protégée … jusqu’aux jeux ! « Cela n’aurait jamais dû arriver. C’est grâce à une loi spécialement votée, pour les Jeux olympiques, que la forêt a pu être détruite. C’est un désastre sans précédent », se désole Kim Kyoung Jun, membre de la fédération coréenne du mouvement environnementaliste.

Un autre jour nous apprenions les dangers qui s’abattent sur le Parc National de Tulum, zone côtière constituée de mangrove et de cénotes (puits naturels). Tulum, ville située sur la côte caraïbe de la péninsule mexicaine du Yucatan, petit paradis de sable blanc et à la mer turquoise, est connue pour ses vestiges très bien préservés d'une cité portuaire antique maya. Mais la beauté de la nature et de la culture attire - comme partout et comme toujours, telle des mouches à merde - de plus en plus les touristes et devient victime de son succès. Les lieux attirent chaque année des millions de touristes. Tulum va-t-elle devenir une station balnéaire défigurée par le béton comme Cancún ou Playa del Carmen, ces autres villes mexicaines vouées au tourisme de masse ? Des hôtels en béton commencent à sortir du sol à Tulum. Sur la plage, les autorités continuent à donner des permis de construire. Mais certains établissements sont construits même sans autorisation. Les avis de fermeture ne sont pas respectés sur des restaurants de plage. Le scénario est toujours le même : les exploitants installent d'abord une simple cabane sur le sable puis s'étendent et construisent des chambres et un hôtel illégal dans un espace protégé. Les déchets liés au tourisme provoquent des décharges à ciel ouvert. Dans moins de dix ans, la population aura été multipliée par quatre selon les autorités. Où quand les réserves naturelles ne valent pas grand-chose face au tourisme. Tulum, Cozumel, Holbox... même désastre me dit mon amie Mélina qui vit au Mexique.

En France la loi sur l’eau, la loi littorale ou bien encore celles sur les espèces protégées sont de merveilleux outils pour préserver les espaces et les espèces. Pourtant chaque jour amène son lot d’exemples où ces outils sont attaqués, remis en cause, soumis à des dérogations, bafoués sur l’autel du pragmatisme et de la croissance. On nous avait ainsi expliqué que si l’Exposition Universelle se faisait, sur le Plateau de Saclay, il aurait fallu accepter des dérogations aux lois d'urbanisme et environnementales comme cela est le cas pour les JO de Paris.

Dès lors que valent ces lois, qui sont censées protéger les plus faibles, si les plus fort peuvent les fouler ? 

Ces lois qui protègent les espèces vulnérables, précisent que sont interdits, sur tout le territoire et en tout temps la destruction, la mutilation, la capture ou l’enlèvement, la perturbation intentionnelle des animaux protégés dans le milieu naturel. Bien ! Sont interdites, également sur les parties du territoire où l’espèce est présente, ainsi que dans l’aire de déplacement naturel des noyaux de populations existants, la destruction, l’altération ou la dégradation des sites de reproduction et des aires de repos des animaux. Excellent ! Excellent et pourtant on ne cesse de traquer et de fragiliser les populations d’ours, de loups, de chauve-souris ... Par un jugement du 6 mars 2018, le Tribunal administratif de Toulouse a reconnu la carence de l'Etat français dans son obligation de maintenir la population d'ours bruns dans un état de conservation favorable. « L'objectif des associations est atteint : faire reconnaître pour la première fois par la Justice que l'Etat a bien une obligation légale de restaurer la population d'ours dans les Pyrénées, et qu'il ne la respecte pas », réagissent les deux associations requérantes, « Pays de l'ours » et « Ferus ». Celles-ci réclament, au Gouvernement, l'adoption rapide d'un nouveau plan de restauration, le dernier ayant expiré en 2009, et des lâchers d'ourses dès le printemps pour éviter la disparition imminente de l'espèce dans les Pyrénées occidentales. Et on ne fait rien pour le castor d’Europe, pour le hamster commun, pour le hérisson d’Europe ou bien encore pour le chat sauvage...

Finalement notre relation au vivant est un peu à l’image de ce qui arrive à la Clausilie romaine (Leucostigma candidescens) cet escargot qui ne vit que dans les Apennins en Italie, près de Rome et … à Nîmes … uniquement localisé dans les arènes où il est probablement arrivé il y 2000 ans avec les matériaux de construction de l'édifice romain. Cet escargot est un trésor de biodiversité pour la Ville de Nîmes ! Mais un trésor dont la ville se fiche éperdument lorsqu’il a fallu programmer des travaux d'étanchéité des arènes ... Déplacement de la population vers Mèze sans aucune garantie de succès et de retour dans l'amphithéâtre romain dont les nouvelles conditions d'habitat pour l'espèce ne sont plus garanties... « On avait aucune obligation à protéger cette population » déclare Christine Lavergne de la Ville de Nîmes. « Si ces escargots ne survivent pas, ce n'est pas grave en termes de conservation. » renchéri Vincent Prié du Bureau d'Etudes Biotope. Avec de telles considérations décomplexées, qui ne révèlent, qu’à voix haute, que ce que notre monde pense tout bas, on voit mieux pourquoi Hubert Reeves nous dit que « l'Homme poursuit une guerre contre la nature ». Notre vision du vivant est à l’image de celles utilisées, ce mois-ci, par la RATP pour lutter contre les violences sexistes dans les transports en commun, à l'image de celle de la ferme des milles vaches ou bien encore de celle de Chanel qui abat des arbres pour quelques heures de défilé lors de la « Fashion Week », des clichés mensongers d’hostilités, attisés dans la culture populaire par la littérature et le cinéma ou une vision utilitaire et productiviste, mais jamais comme étant fragile, essentiel et à préserver coûte que coûte.

Fuck les Jeux et autres Expositions Universelles qui outrepassent les lois pour quelques semaines de bonheur consumériste et où l'écologie n'est que du greenwashing ! Fuck les touristes ! « Je ne suis pas d'accord, tu ne peux pas arrêter de vivre, de construire, de faire des événements. Les expositions universelles ont permis de nombreuses avancées technologiques. OK avec toi pour Saclay car rien n'oblige à détruire des terres pour ça. Mais pas d'accord pour les JO car on ne peut pas faire de ski sans couper des arbres. Oui on peut remettre en question l'existence des stations. Dans ce cas je remets en question.... le béton. Et donc les villes.... cela s'apparenterait à de l'extrémisme débile.... » me rétorque mon ami Patrick.

Nous devons trouver les moyens de nous développer sans détruire, c'est le défi de la durabilité, c'est l'esprit de l'appel des 15000 scientifiques. Il nous faut parler et penser « développement durable », il nous faut penser global et agir local, il nous faut protéger, sauvegarder, laisser vivre, ralentir, renoncer, partager notre espace. Seule la somme de nos décisions durables et locales peut donner l’espoir que l’humanité pourra poursuivre son aventure sur son seul et unique vaisseau spatial. Maintenant on peut toujours dire que cela est cesser de vivre mais j'ai plus l'impression que c'est notre développement actuel qui risque de nous faire cesser de vivre.

mardi 6 mars 2018

Harcèlement : Non les animaux ne sont pas des harceleurs !

Saluée par la Secrétaire d'Etat chargée de l'égalité entre les femmes et les hommes, Marlène Schiappa, la nouvelle campagne contre le harcèlement et les agressions sexuelles dans les transports en Île-de-France ne fait pourtant pas l'unanimité. Les affiches, visibles dans les couloirs du métro et des trains de la région depuis ce lundi 5 mars, mettent en scène des femmes en milieu hostile, menacées par des animaux, ours, requin ou encore loup.


« Pour dénoncer le harcèlement sexuel en Île-de-France, on ne pouvait pas concevoir affiches plus idiotes. Ni plus absurdes. Ni plus connes (pour rester vulgaire, tels ces objets eux-mêmes). Ni plus injustes pour des animaux innocents que les humains massacrent à longueur d'année et amènent au bord de l'extinction (requins, ours, tigres, loups, etc.). Ni plus fausses sur le plan scientifique. Ni plus crétines, sortant du cerveau d'un publicitaire. Ni plus indignes du ministère de l'Egalité Hommes-Femmes s'il a donné son aval... » s’indigne, à juste titre, Yves Paccalet sur Facebook.

De son côté Vincent Message, sur Facebook, nous dit la même chose, « Pour lutter contre le harcèlement dans les transports, ce fléau qui pourrit la vie de centaines de milliers de femmes chaque jour, la Région Ile de France, présidée par Valérie Pécresse, et la RATP n'ont rien trouvé de mieux que de représenter les harceleurs sous les traits d'un requin, d'un ours et d'un loup. C'est essayer de sortir d'une idéologie nauséabonde et meurtrière (le sexisme) en montrant qu'on n'est pas sortis du tout d'une autre idéologie dévastatrice (le spécisme) et qu'on n'a rien, mais rien compris aux enjeux du XXIe siècle.

Jusqu'à preuve du contraire, poursuit Vincent, les requins, les ours et les loups n'agressent pas les femmes dans le métro, ne violent pas les femmes dans les forêts. Les femmes sont emmerdées, agressées, violées par des hommes tout ce qu'il y a de plus banal. Les requins, les ours et les loups sont peut-être des prédateurs dans leurs écosystèmes, mais ils sont surtout des proies. Nos proies. Les requins blessent environ 70 personnes par an et en tuent entre 4 et 10. Les hommes tuent 100 millions de requins par an - entre autres pour manger leurs ailerons, en les rejetant à la mer agonisants une fois ces ailerons prélevés. Les loups ont été exterminés en France entre la fin du 18e siècle et 1940. Ils n'étaient plus que 5000 en 1800, ils ne sont réapparus qu'en 1992 et ne sont que 300 aujourd'hui. Les ours aussi ont été chassés méthodiquement, assujettis et exploités dans les cirques, baladés chaînes au cou avant d'être tués. »


« Il y en a marre des poncifs éculés sur les "dents de la mer" et la "cruauté" des prédateurs soi-disant "sanguinaires". Ces espèces superbes et qui ne sont à coup sûr jamais "perverses", ne devraient pas pouvoir être utilisées en tant que cauchemars pour dénoncer des agressions dont les auteurs ne sont pas des animaux, mais bel et bien sans exception des êtres humains. » renchéri Yves Paccalet

« Les agresseurs sexuels ne sont pas des animaux mais des humains rien qu'humains, trop humains, nous dit Vincent Message. Le sexisme et le spécisme ont d'ailleurs les mêmes origines historiques : la croyance des mâles qu'ils peuvent dominer et violenter celles et ceux sur lesquelles leur force physique ou leur habileté technique leur permettent de prendre le dessus. C'est pour cela que Jacques Derrida parlait de carnophallologocentrisme. Ce mot-valise peut faire peur mais il est en réalité limpide : le sujet mâle s'est défini comme celui qui tue les animaux pour manger de la viande, s'approprie les corps féminins de gré ou de force, et se vante de maîtriser la raison. "Ce ne sont pas les hommes que l'on stigmatise, ce sont les prédateurs", s'est justifiée Valérie Pécresse. Mais comment faire tomber nos préjugés en s'aveuglant aussitôt avec d'autres œillères ? Incitons la région et la RATP à revoir leur copie et, ce coup-ci, à y réfléchir à deux fois. Notre génération doit tout faire pour faire progresser la cause des femmes et pour faire reculer les violences faites aux femmes. Mais la cause des femmes mérite mieux que les mauvaises idées de communicants qui semblent n'avoir rien compris à ce qu'est la domination. »


« Après le porc, voici les ours, les loups, les requins associés aux pires comportements humains. Non contents d'anéantir la grande faune sauvage, nous projetons sur elle notre propre perversité. Cette campagne, essentielle sur le fond, est désastreuse sur la forme. Un scandale à un moment où les scientifiques ne cessent de nous alerter sur la 6eme extinction des espèces.» ajoute Nicolas Thierry, sur facebook.

« Exigeons le retrait immédiat et définitif de ces affiches infantiles (requin, ours et loup), infantiles au mauvais sens du mot, c'est-à-dire fantasmées pour un âge mental de quatre ou cinq ans ; et finalement nuisibles au juste propos qu'elles prétendent appuyer. » conclu Yves Paccalet.