"Le motif de base de la résistance était l'indignation. Nous vétérans des mouvements de résistance et des forces combattantes de la France libre, nous appelons les jeunes générations à faire vivre, transmettre, l'héritage de la résistance et ses idéaux. Nous leur disons : prenez le relais, indignez-vous ! Les responsables politiques, économiques, intellectuels et l'ensemble de la société ne doivent pas démissionner, ni se laisser impressionner par l'actuelle dictature des marchés financiers qui menacent la paix et la démocratie.

Je vous souhaite à tous, à chacun d'entre vous d'avoir votre motif d'indignation. C'est précieux."

Stéphane Hessel

samedi 28 janvier 2017

Le Club de Rome avait raison

En 2012, le Club de Rome célébrait le quarantième anniversaire de son célèbre rapport - "les limites de la croissance" - dit aussi Rapport Meadows, du nom de son principal rédacteur. Ce rapport avait été présenté au public le 1er mars 1972, à partir d’une commande faite par le même Club de Rome (créé en 1968) au Massachusetts Institute of Technology (MIT) en 1970.

A l’occasion de cet anniversaire, un des organisme en charge du rapport, le Smithsonian Institution, a rendu public une version actualisée pour 2012 du rapport de 1972. Il s’agissait, en fait d’un second rapport, utilisant la même méthodologie que le premier, avec les mêmes acteurs, le Club de Rome commanditaire et le MIT exécutant. Les instruments d'analyse ont cependant été modernisés, pour tenir compte des importants progrès accomplis dans les méthodes d'observation et de prévision.

Le point essentiel, que tous les gouvernements, que toutes les entreprises, tous les média auraient dû noter, est que le rapport de 2012 a confirmé celui de 1972. Celui-ci donnait soixante ans au système économique mondial pour s'effondrer, confronté à la diminution des ressources et à la dégradation de l’environnement. La situation est confirmée par la formule du Smithsonian Magazine, "The world is on track for disaster…", autrement dit, "tout se déroule comme prévu pour que survienne le désastre".

Ce désastre, comme le résume le physicien australien Graham Turner, qui a succédé à Dennis Meadows comme rédacteur coordonnateur, découlera du fait que, si l'humanité continue à consommer plus que la nature ne peut produire, un effondrement économique se traduisant pas une baisse massive de la population se produira aux alentours de 2030.

Courbe du rapport Meadows :
Courbe dans le grisé : mesures faites avant 1972. 
En pointillés : modélisation de l'évolution si rien ne change
En gras et après 1972 : mesures faites et comparées au modèle.

Le désastre n'est donc plus loin de nous, mais tout proche. 2020 est d'ailleurs considéré par certains experts comme une date plus probable. L'effondrement pourrait se produire bien avant 2030. Les rapporteurs font cependant preuve d'optimisme, en écrivant que si des mesures radicales étaient prises pour réformer le Système, la date buttoir pourrait être repoussée.

Mais rien ne sera fait, aucune mesure radicale ne sera prises. Le système économico-politique, ne peut, ne veut se réformer. Les gouvernements, les entreprises et les médias convergent pour que tout continue comme avant, business as usual, et ceci jusqu'au désastre. Pour preuve l’absence de publicité, par aucun des acteurs énumérés, à la publication de cette seconde version du Rapport.

Insistons sur le fait que ce n'est pas seulement le réchauffement global qui est incriminé par les rapporteurs, mais plus généralement l’épuisement des ressources et, au-delà, d’une façon plus générale, le saccage catastrophique de l’environnement sous toutes ses formes, autrement dit “la destruction du monde”. Pour l'empêcher, il ne faudrait pas seulement réduire nos émissions de gaz à effets de serre, mais s'imposer une décroissance radicale, à commencer par celle qui devrait être mise en œuvre dans les pays riches, qui sont les plus consommateurs et les plus destructeurs.

Vains espoirs car l'abrutissement des masses se poursuit par la télévision et le consumérisme interposés. Pas de quoi donc couper l'appétit à une humanité qui se moque de son empreinte écologique comme de sa première couche. Pas de quoi couper l'appétit à des politiques qui bétonnent et saccagent au nom du dieu croissance. Les opinions publiques se rassureront en faisant valoir que si ce nouveau rapport n’a pas été discuté, si des milliers d'experts, de tous ordres, ne le mentionnent pas, c'est parce qu'il est le produit d'un étroit groupe de pression comptant sur le catastrophisme pour prospérer.

En 2017 le rapport Meadows est toujours d’actualité car rien n’a vraiment changé en profondeur. Las, on peut se demander à quoi cela sert d'avoir raison trop tôt si c'est sans effet. Quarante cinq ans plus tard, au bord du précipice, les choses ne semblent pas vouloir bouger.

Selon Médiapart, agoravox et Pablo Servigne

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