"Le motif de base de la résistance était l'indignation. Nous vétérans des mouvements de résistance et des forces combattantes de la France libre, nous appelons les jeunes générations à faire vivre, transmettre, l'héritage de la résistance et ses idéaux. Nous leur disons : prenez le relais, indignez-vous ! Les responsables politiques, économiques, intellectuels et l'ensemble de la société ne doivent pas démissionner, ni se laisser impressionner par l'actuelle dictature des marchés financiers qui menacent la paix et la démocratie.

Je vous souhaite à tous, à chacun d'entre vous d'avoir votre motif d'indignation. C'est précieux."

Stéphane Hessel

dimanche 13 décembre 2015

COP21 : Sauver la planète sans contrarier le système qui la détruit.

Quelle est belle cette humanité que l'on voit à la télé, à la radio et sur les réseaux sociaux devant l'accord à minima sur les changements climatiques, qui a été obtenu, à Paris, lors de la COP21. La communication aura été bien faite alors que nous sommes toujours sur la trajectoire des +3 degrés. 


Essayons de comprendre ce qui découle de la signature de l'accord de Paris et révélons l'arnaque.

Commençons par du positif, l'accord qui vient d'être signé, acte que les états reconnaissent des responsabilités différenciées dans les changements climatiques et vise de limiter le réchauffement climatique à moins de 1,5 degrés. Super !!!! La mention du seuil de 1,5 °C était une revendication portée par les petits Etats insulaires menacés de submersion par la montée des mers. Mais il faut bien le reconnaître elle a surtout une portée symbolique et politique, car rester sous le plafond de 1,5°C est parfaitement irréaliste en l’état actuel des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Ce 1,5°C est donc un objectif pieux car les contributions actuelles des états ne permettent pas d'espérer un réchauffement à moins de trois degrés. Dans l'accord il est seulement prévu de viser « un pic des émissions mondiales de gaz à effet de serre dès que possible ». Dès que possible !?!? Et c'est quand « dès que possible » ? Et il aura quelle hauteurs, ce pic ? Des versions antérieures retenaient pourtant un objectif de baisse de 40 % à 70 %, ou même de 70 % à 95 %, d’ici à 2050. Ces mentions, jugées trop contraignantes par certains pays, ont été gommées. Rappelons que le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) juge nécessaire de baisser de 40 % à 70 % les émissions mondiales d’ici à 2050, pour éviter un emballement climatique incontrôlable.

Ainsi l'accord ne fait pas référence à la nécessite de réduire la consommation des fossiles et n’évoque pas les énergies renouvelables. La taxation du gaz carbonique destinée à promouvoir les économies d’énergie et la réduction des émissions de gaz à effet de serre a été abandonnée. Tout cela alors que selon les scientifiques il nous faut renoncer à l’exploitation de 80% des gisements d’énergies fossiles : pétrole, gaz, charbon. Il faut les laisser dormir dans le sous sol pour espérer stabiliser le climat mondial.

Un grand absent, également, des négociations aura été l'agriculture industrielle alors que ses émissions de gaz à effet de serre représentent près de 30% des émissions mondiales. Le texte souligne que les réductions d’émissions de gaz à effet de serre ne doivent pas menacer la production agricole. « C’est une façon pour les États de repousser la transition – pourtant urgente et nécessaire – et leurs systèmes agricoles vers des modèles moins polluants », s’alarme Peggy Pascal, d’Action contre la faim.

De plus l'accord se dit contraignant mais sans savoir ce qui sera mis en place pour contraindre et l’expression « doit » a été remplacé par « devrait ».

Enfin, pour que l'accord voté à Paris entre en vigueur en 2020 (oui en 2020, en attendant on ne change rien) il faut que 55 pays représentant au moins 55 pour cent des émissions de gaz à effet de serre le ratifient. Mais, « à tout moment, après un délai de trois ans à partir de l’entrée en vigueur de l’accord pour un pays », celui-ci pourra s’en retirer, sur simple notification. C'est génial !!! Et puis franchement, les échéances n’incitent pas à la mobilisation : 2050, 2100 ... Les gouvernants d’aujourd’hui ne seront plus là pour répondre de leur inaction. Alors décider pour que nos successeurs agissent c'est facile, mais décider, aujourd’hui, avec des impacts immédiats sur les économies et le mode de vie des populations, afin d'assurer l’avenir de l’humanité, cela aurait certes plus de gueule mais ... c’est plus compliqué et n'entre probablement pas dans le plan de carrière de nos politiciens.

Donc il ne me semble pas que nous soyons dans ce jour historique où, selon Hollande, les humains ont sauvé l'humanité mais bel et bien où elle fait de la communication verte pour surtout ne rien bousculer chez les financiers et les puissants. Greenwashing quand tu nous tiens ! Maintenant le piège est refermé, les politiques capitalistes, libéraux, croissantistes, productivites et consuméristes et les industriels pollueurs vont pouvoir clamer qu'ils ont sauvé le monde et les vrais écologistes, conscients de l'arnaque, passeront encore une fois pour des mauvais coucheurs. Fabuleux ! Rien ne change. Business as usual and the show must go on et pendant ce temps là, le Conseil d’Etat valide les assignations à résidence des militants écologistes.

Le temps n'est vraiment pas aux réjouissances !!!!

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