"Le motif de base de la résistance était l'indignation. Nous vétérans des mouvements de résistance et des forces combattantes de la France libre, nous appelons les jeunes générations à faire vivre, transmettre, l'héritage de la résistance et ses idéaux. Nous leur disons : prenez le relais, indignez-vous ! Les responsables politiques, économiques, intellectuels et l'ensemble de la société ne doivent pas démissionner, ni se laisser impressionner par l'actuelle dictature des marchés financiers qui menacent la paix et la démocratie.

Je vous souhaite à tous, à chacun d'entre vous d'avoir votre motif d'indignation. C'est précieux."

Stéphane Hessel

mardi 4 août 2015

Michel Tarin, le syndicaliste paysan, est mort.

Michel Tarin, pilier de la lutte contre le projet de Notre-Dame-des-Landes, opposant au projet d’extension du camp militaire du Larzac, au début des années 1970 et membre fondateur de la Confédération Paysanne, est décédé des suites d'une leucémie. Adieu l'ami on t'aimait bien, rien que pour toi nous gagnerons. Tu seras toujours dans nos luttes, paix à ton âme.


"Ces quelques mots sont écrits en mon nom mais peut-être aussi au nom de ceux qui n' ont connu le visage et la voix de Michel que dans les dernières années au travers de son combat contre l'aéroport de Notre Dame des Landes.

D'autres diront mieux que moi ses qualités, son parcours d'homme et de militant, la vie pleine et riche qu'il a vécue avec ceux qu'il aimait. Comme beaucoup, je ne l'ai rencontré que lorsque sa barbe était déjà blanche et qu'il incarnait une résistance pacifique mais inébranlable à un projet destructeur. Je suis heureuse et fière d'avoir partagé des moments forts avec lui parce qu'il était un homme de bien tout simplement. Il est des rencontres dans nos vies qui sont des chances, des lumières qui brillent et éclairent à jamais notre chemin.

Là d'où j'écris ces lignes, en ces jours de début août, le ciel étoilé loin des grandes villes est une splendeur. Le ciel que Michel aimait puisque ce fils de la terre aimait aussi voler...C'est le moment où l'on peut voir des étoiles filantes d'une beauté fulgurante. Fulgurante comme le sont nos vies humaines, trop courtes toujours. Et c'est aussi chaque soir le scintillement merveilleux et apaisant des étoiles dont certaines continuent à nous envoyer leur lumière, alors qu'elles sont déjà éteintes. Dans le monde des Anciens, ceux à qui les dieux voulaient conférer une part d'éternité, étaient transformés en étoile ou en constellation. Peut-être justement pour que dure l'éclat de la lumière qu'ils avaient apportée aux hommes… Si Michel a été transformé en constellation, il sera sans doute la constellation du bâton, celui du berger, ferme et droit, résistant mais doux au toucher parce que poli longuement, ce bâton dont il disait que ce serait sa seule arme s'il fallait défendre physiquement la terre menacée par la folie de certains hommes. Pas pour attaquer mais pour se défendre, pour marcher aussi avec les autres, pour opposer au mensonge la vérité et le respect du vivant. Existe-t-il une constellation du bâton ? Je ne sais pas...

Mais dans la voie lactée infinie et si belle je choisirai ce soir, en pensant à lui, une étoile modeste et vive dont je ne saurai pas si elle est encore un soleil là-haut loin, très loin ou déjà une géante rouge éteinte. Et peu importe puisque sa lumière arrive encore jusqu'à nous. Michel n'est plus là, mais il est encore là. Même si notre peine est immense, à la hauteur de l'amitié et de l'admiration que nous avions pour lui, son étoile éclaire notre chemin. Et nous demande à tous de continuer."

Françoise Verchère
Le 2 août 2015

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