"Le motif de base de la résistance était l'indignation. Nous vétérans des mouvements de résistance et des forces combattantes de la France libre, nous appelons les jeunes générations à faire vivre, transmettre, l'héritage de la résistance et ses idéaux. Nous leur disons : prenez le relais, indignez-vous ! Les responsables politiques, économiques, intellectuels et l'ensemble de la société ne doivent pas démissionner, ni se laisser impressionner par l'actuelle dictature des marchés financiers qui menacent la paix et la démocratie.

Je vous souhaite à tous, à chacun d'entre vous d'avoir votre motif d'indignation. C'est précieux."

Stéphane Hessel

vendredi 25 novembre 2011

Climat / Conférence de Durban : la France doit rompre le silence sur les négociations climatiques !

À quelques jours de l’ouverture de la Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques prévue du 28 novembre au 9 décembre à Durban (Afrique de Sud), le silence règne sur le contenu que les grandes puissances voudront donner aux négociations.

Après le fiasco de Copenhague et les renoncements de Cancun, la crise climatique semble être la grande absente des préoccupations des grandes économies mondiales. Durban a donc toutes les caractéristiques d'une session de négociations intermédiaires où l'implication politique et citoyenne, qu'a connue Copenhague en 2009, n’est plus. Cela est inquiétant au regard de l'urgence à agir, mais cela n’est qu’une conséquence de la stratégie des financiers qui ne cherchent qu'à ne focaliser la crise que sur les risques économiques que notre système libéral fait peser sur leurs revenus du capital. L’environnement, cela commence à bien faire comme dirait l’autre ! Résultat, aujourd’hui les négociations sont dans un creux.

La lenteur et l’insuffisance des engagements internationaux renforcent chaque jour un peu plus le scénario du pire en matière climatique et les appels répétés du Secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-Moon, pour parvenir à Durban à « un accord sur une continuation du Protocole de Kyoto* (…) pour déboucher sur un accord climatique global » ne semble pas trouver l’écho escompté chez ceux qui semblent bien plus préoccupés par la sauvegarde de leurs placements financiers que par l’avenir de l’humanité.

Le principal enjeu de Durban sera double : parvenir à une feuille de route en vue d'un accord global contraignant à moyen terme et trouver une issue au protocole de Kyoto qui soit favorable au futur accord. Tout cela alors que l’on observe, depuis plusieurs mois, un glissement politique inquiétant : La mise en œuvre d’un système non contraignant de limitation des émissions de GES, épargnant la responsabilité des grandes puissances, et confiant le climat aux seuls outils du marché.

En façade les États-Unis ne sont pas opposés à un accord contraignant à moyen terme dès lors qu'il se base sur une symétrie parfaite des engagements des pays développés et en développement, et en particulier entre la Chine et eux. Il s'agit pour eux d'une condition incontournable.

Les pays émergents, quant à eux, affichent aussi la volonté pour un accord contraignant et global mais à la condition explicite qu'il y ait une distinction très claire entre eux et les pays développés. Ils jugent que le meilleur moyen pour y parvenir est de prolonger le protocole de Kyoto au-delà de 2012. Cependant, il faut noter qu’ils n’affichent pas un front parfaitement uni : l'Inde est revenue à une posture plus dure et affiche des réticences à un accord contraignant global alors que la Chine y est plus favorable.

L'Union européenne vise un accord global et, dans ce contexte, elle n'est pas opposée au prolongement du protocole de Kyoto. Néanmoins, elle fixe une série de conditions : certaines sont techniques, comme par exemple la prise en compte du puits carbone forestier, et d'autres plus politiques, comme le refus d'être la seule à s'engager. Elle attend donc qu'au moins un des grands Etats hors-UE fasse de même.

Les autres Etats hors-UE soumis au protocole de Kyoto, c'est-à-dire la Russie, le Japon, le Canada et l'Australie pour les principaux, sont aujourd'hui opposés à une deuxième période d'engagement sous le protocole.

Tout cela est très technique et politique. Tout cela est bien compliqué mais, à l’instar d’André Chassaigne (Député du Puy-de-Dôme) qui viens de déposer, à l’Assemblée nationale, une proposition de résolution sur les engagements internationaux à tenir en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre, je pense que, plutôt que de réserver à quelques initiés la compréhension des enjeux et le contenu des négociations internationales sur le climat, il faut, au contraire, que l’ensemble des citoyens connaisse, tout à la fois l’ampleur des bouleversements sociaux et écologiques en jeu, comme les fondements idéologiques et politiques des mécanismes négociés à l’échelle internationale. Notre pays devrait lancer au plus tôt un large débat public sur la nécessaire maîtrise du réchauffement climatique, sur la gravité de ses conséquences potentielles, et sur les mesures à prendre pour le maîtriser dans le cadre d’une planification écologique. En cela le Front de Gauche et Europe Écologie - Les Verts se rejoignent … comme sur beaucoup d’autres sujets.

Bruno BOMBLED
d’après Emmanuel Guérin et André Chassaigne
Photo : © Arneke

* Le protocole de Kyoto est un traité international visant à la réduction des émissions de gaz à effet de serre, dans le cadre de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques. Signé le 11 décembre 1997, il est entré en vigueur le 16 février 2005 et en 2010 il a été ratifié par 141 pays.

jeudi 24 novembre 2011

L'avenir de l'humanité passe par la restauration de l'humus des sols


48% des terres de l'Union européenne sont fortement dégradées. La question de fond est : sur quelle terre souhaitons-nous vivre ? Les sols soulèvent des enjeux transversaux - santé publique, ressources en eau, lutte contre l'érosion, puits de carbone. Transfrontières, ils nécessitent une action à la source et concertée.

Les sols, souvent piétinés dans l'indifférence, sont un milieu complexe aux écosystèmes vitaux et rares. Leur préservation est donc indispensable aux équilibres écologiques et à la biodiversité. Il faut 10.000 ans pour former 1 mètre de sol mais l'homme n'a besoin que de quelques années pour le détruire. Ressource non renouvelable, les sols sont artificialisés en France au rythme de 200 hectares par jour, soit l'équivalent d'un département moyen comme le Loiret tous les cinq ans, contre la même surface en dix ans entre 1992 et 2003.

Selon le professeur Nahon, les sols sont menacés par l'excès d'irrigation, par l’érosion qui fait disparaitre la couverture des sols de 0,3 à 0,5% par an (17 % du territoire national seraient touchés d'érosion liée notamment à une mauvaise gestion agricole, à l'urbanisation et au changement climatique), par les monocultures qui réduisent la biodiversité de 40% ou bien encore les pesticides de 80%.

Il est temps de cesser de considérer les sols comme des milieux chimiques pour leur rendre leur statut de milieux vivants. Mais les 605 millions d'hectares de sols encore disponibles suffiront-ils à nourrir l'humanité pendant des siècles, sur une planète qui enregistre actuellement 2 millions de naissances par semaine ?

Nul ne le sait, mais voilà tout de même la question que beaucoup de scientifiques commencent à se poser. Il est donc plus que temps de repenser l’agriculture en terme de nécessité vitale et non plus comme une industrie qui se doit de faire du chiffre au détriment de l’autonomie alimentaire, de la santé public, de l’emploi ou bien encore des écosystèmes. A tous les niveaux il faut repenser. Repenser les aides de la PAC, la part du Bio versus une agriculture polluante et toxique, l’autonomie alimentaire ou bien l’expansion urbaine, car n’oublions jamais que l’on ne se nourrit pas de téléphones portables, d’écrans plats ou de 4x4, mais bel et bien de ce que la terre peut nous offrir de plus beau quand on ne la maltraite pas. A la vue des priorités qu’affiche notre consumérisme maladif, cette naïve conclusion ne semble pas être une évidence pour nombre de terriens.

Bruno BOMBLED d’après Agnès Sinaï (Actu-Environnement.com)
Photo : © Beboy

samedi 12 novembre 2011

L'adieu au Grenelle.

Nicolas Sarkozy avait promis "un new Deal écologique" lors de la signature du Grenelle de l'Environnement. Quatre ans après, le bilan est très critiqué par les associations environnementales.
  • Absence d'alternatives énergétiques,
  • nouvelles autoroutes,
  • absence de réglementation en matière de développement des antennes relais,
  • construction d'incinérateurs,
  • décret autorisant une augmentation des rejets de nitrates,
  • ré-homologation du Cruiser - un insecticide tueur d'abeilles -,
  • taxe poids lourds repoussé à 2013,
  • abandon de la fiscalité écologique,
  • érosion du fret ferroviaire,
  • poursuite de l'expansion urbain,
  • poursuite de l'expérimentation à ciel ouvert des OGM,
  • abandon des objectif pour une agriculture Biologique
  • amendement visant à briser l'émergence d'une filière éolienne ...
"Les mesures de ruptures se sont perdues en chemin", regrette le réseau action climat (RAC). La part des énergies renouvelables dans la consommation d'électricité n'a atteint que 14,6 % en 2010 - soit le même niveau qu'en 1997 - contre un objectif affiché de 21 %. "A l'urgence écologique, le chef de l'état a opté pour une course de lenteur où la communication fait office d'action" dénonce ouvertement l'association Agir pour l'Environnement.

à entendre le ministre de l'économie François Baroin, au journal "les Echos", l'environnement ne semble plus au cœur des préoccupations du gouvernement : "Nathalie Kosciusko-Morizet n'a pas compris ce qui ce passe. C'était une mutation folle sous l'angle des moyens. On a laissé faire Jean-Louis Borloo dans l'euphorie ; personne n'a porté l'idée que cela avait un prix."

"L'élan du grenelle est bel et bien brisé. Le plus grave, le plus impardonnable, c'est que tout le monde paiera le prix ; nous, nos enfants et arrières petits enfants", dénonce le député François Brottes.

On se désole aussi à Europe-Ecologie - les Verts après le dépôt le 13 octobre de deux amendements par un député UMP qui allège pour l'un et reporte pour l'autre, les obligations des grandes entreprises d'avoir à publier annuellement un rapport sur leurs pratiques en matière de responsabilité sociale et environnementale.

Le temps des lobbies est revenu. Aujourd'hui l'environnement est systématiquement présenté sous l'angle de son coût pour l'économie et jamais sous son aspect de condition indispensable à une vie humaine durable, digne et paisible. A l'aune du plan de rigueur budgétaire, l'article 2 de la loi Grenelle 1 qui plaçais la lutte contre le changement climatique "au premier rang des priorités" semble n'être plus qu'un lointain souvenir.

D'après Sophie Chapelle
(Témoignage Chrétien N° 3464 du 27 octobre 2011)

mardi 1 novembre 2011

Mais dans quel état mettons-nous le monde ?

Mais dans quel état mettons-nous le monde ? Voila la question que je me pose, le soir dans mon lit, la tête dans les mains, quand je pense à la marche du monde. Comme les mineurs de Germinal, masse immense face à la minorité patronale, je me sens impuissant, colibris parmi les colibris, face à une humanité folle et ivre de puissance, qui s'enfonce béatement vers sa perte, vers son soleil vert. Où que je regarde, où que j'aille, je ne vois que des crises majeures qui supplantent toutes les beautés que nous offre la vie. Où que je regarde, je ne vois que des crises.

Des crises financières qui n'en finissent pas : En juillet 2007 la crise des subprimes avait touché le secteur des prêts hypothécaires aux États-Unis et avait participé au déclenchement du krach de l'automne 2008 entraînant une récession touchant l'ensemble de la planète. Aujourd'hui la zone euro a brutalement replongé dans l'instabilité après l'annonce surprise d'un référendum en Grèce pendant qu'une poignée d'inconscients, au triple A volatile, décident de la solvabilité d'un pays. Au final les marchés (les pauvres petits !) ont peur et jouent, dans leurs délires cupides, avec la vie de millions de travailleurs. Mais, d'aussi loin que je me souvienne, j'ai toujours entendu que nous étions en crise, prouvant, par elle-même, que la mondialisation libérale ne fonctionnait pas et était mortifère. D'aussi loin que je me souvienne, j'ai toujours entendu que nous étions en crise justifiant, ici des coupes budgétaires, là le gel des salaires, ailleurs privatisations, licenciements ou délocalisations ... rigueur pour les uns, profits et luxe pour les autres.

Des crises humanitaires qui interrogent sur l'humanité : les combats au Pakistan, en Somalie, au Yémen, au Sri Lanka, au Darfour ou bien encore en République Démocratique du Congo, en une escalade de violences toujours plus importante, qui prennent en otage familles et enfants et qui entrainent, encore et toujours, déplacements, souffrances, épidémies ou bien encore malnutrition. Toutes les six seconde un enfant meurt de faim dans le monde et chez nous, en France, la précarité et la pauvreté, toujours plus croissantes, font ressurgir des maladies que l'on croyait disparues (Rougeole, Tuberculose, Gale, Coqueluche) rajoutant aux inégalités sociales, une inégalité de santé.

Une crise démographique qui, telle une sirène, cache la mort. C'est ainsi que pendant que le monde célèbre, dans une allégresse inconsciente, la sept milliardième habitante de la Terre, Danica May Camacho (longue et belle vie à elle), née dimanche 30 octobre 2011, à Manille, Ban Ki-moon attire l'attention sur les défis de la croissance démographique car, en écologie, il y a une règle : plus il y a d'individus, moins ils peuvent se développer. "Sept milliards de personnes ont besoin de nourriture. D'énergie. D'offres intéressantes en matière d'emplois et d'éducation. De droits et de liberté. La liberté d'expression. La liberté de pouvoir élever ses enfants en paix et dans la sécurité". Mais au rythme où vont les choses, puisqu'aucune initiative ne semble vouloir être prise (plus de 10 milliards d'ici la fin du siècle), la crise démographique n'est pas prête d'être enrayée !

Une crise énergétique qui ne fait que commencer : La non-anticipation du pic pétrolier et la demande énergétique, toujours plus forte, fait réagir l'AIE qui craint que l'avenir énergétique du monde soit incertain. Le refus de la sobriété par notre humanité, qui est la seule voie permettant de rendre pertinente l'utilisation des énergies renouvelables, fait craindre que nous allions vers le blackout. Le refus des populations de voir s'implanter, à proximité de chez eux, éoliennes et autres solutions alternatives, doublé de l'incrédulité des élus face aux défis énergétiques, n'augure rien de bon pour une vie durable, saine et confortable dans un proche avenir.

Une crise écologique qui n'épargnera pas l'humanité : effondrement de la biodiversité, disparition des abeilles, épuisement des matières premières, changements climatiques, pollutions des eaux, de l'air et de la terre, des habitations et de la nourriture, contamination par les OGM, pesticides, perte des terres agricoles, contamination des milieux par le plastique, surpêche, contamination par les espèces invasives ...

Pourquoi nous maltraitons-nous de la sorte ? Pourquoi maltraitons-nous la Pachamama ?

Cette énumération est pessimiste, anxiogène et déprimante. Tellement pessimiste et déprimante que beaucoup ne veulent pas la regarder et la nient. Mais ce n'est pas parce que l'on ne regarde pas les problèmes en face que ceux-ci n'existent pas. A ne pas regarder le dragon dans les yeux on prépare le chaos et souvenons-nous que toute crise humaine ne s'est jamais réglée dans le calme. Tout est réuni, aujourd'hui, pour entrer dans une crise majeure, les altermondialistes le disent depuis longtemps, aujourd'hui l'histoire et le présent semblent leur donner raison.

Cette énumération est pessimiste, anxiogène et déprimante. Elle l'est tellement que beaucoup ne veulent pas la regarder. Ainsi face à l'aveuglement des prétendus réalistes et autres pragmatiques qui misent, dans un optimisme à la méthode Coué, sur des solutions techniques ou économiques, aux vieux schémas dépassés, et qui nous traitaient, nous les écologistes, d'idéalistes irréalistes, nous proposons la seule voie possible :

Ainsi seule la redistribution, la solidarité, la coopération, la sobriété, l'éducation, la laïcité, seul l'abandon de la dictature de la croissance, du capitalisme et du libéralisme, seul le recentrage sur l'humain en équilibre avec son seul et unique vaisseau spatial, en un mot et qu'on le veuille ou non, seule la voie de l'écologie humaniste peut nous éviter le breakdown global.

Bruno BOMBLED