"Le motif de base de la résistance était l'indignation. Nous vétérans des mouvements de résistance et des forces combattantes de la France libre, nous appelons les jeunes générations à faire vivre, transmettre, l'héritage de la résistance et ses idéaux. Nous leur disons : prenez le relais, indignez-vous ! Les responsables politiques, économiques, intellectuels et l'ensemble de la société ne doivent pas démissionner, ni se laisser impressionner par l'actuelle dictature des marchés financiers qui menacent la paix et la démocratie.

Je vous souhaite à tous, à chacun d'entre vous d'avoir votre motif d'indignation. C'est précieux."

Stéphane Hessel

vendredi 5 août 2011

Un tabou ? la surpopulation

Au début du 20ème siècle Gandhi disait "il y a assez sur cette planète pour subvenir aux besoins de l'Homme, mais pas assez pour répondre à sa cupidité". J'adore cette phrase pleine de sagesse et qui reste tellement valable de nos jours ... pour le coté philosophie qu'elle dégage bien entendu, car, d'un point de vue démographique, rien ne nous permets de penser que cette réflexion, exprimée alors que la population mondiale était aux alentours du milliards d'individus, est toujours valable. Mais là nous touchons du doigt un tabou qu'il nous faudra bien, un jour, lever ... le tabou de la surpopulation mondiale.

Tabou, ce sujet, car tellement emprunt de culture religieuse collective, comme je l'expliquais dans mon texte de novembre 2010, "Une divine promotion.", où je disais, entre autre, que "Deux mille ans de cultures judéo-chrétienne et musulmane, ont modelé les esprits occidentaux et moyen-orientaux dans une culture collective de supériorité humaine. [...] Deux mille ans où la surpopulation n'est pas considérée comme un problème mais, au contraire, où nous regardons, avec admiration, les familles nombreuses, alors que nous devrions pleurer devant tant d'inconséquence." Ghislain Nicaise ne dit pas autre chose dans "le Sauvage" : "En France, pays de culture majoritairement catholique et/ou marxiste, le sujet de la surpopulation a toujours été traité assez discrètement."

Souvent quand je parle autour de moi du problème de la surpopulation mondiale, qui resta la plus grande préoccupation de Cousteau jusqu'à la fin de sa vie, je remarque que la conversation se crispe comme si nous entrions dans un domaine qui irait bien au-delà de la réflexion car touchant des fondements humains capitaux. Ghislain Nicaise déplore de voir que cette idée d'une surpopulation non problématiques touche toutes les catégories sociaux-professionnelles, ainsi dit-il "Nos chercheurs ont même compté des populationnistes éminents comme Alfred Sauvy et il n’est pas rare de voir encore maintenant nos média déplorer le rétrécissement à la base de la pyramide des âges". Cependant, avec la toute jeune prise de conscience de l’épuisement des ressources, même en France, les préoccupations démographiques connaissent un regain d’intérêt, bien que l’on puisse noter une certaine timidité même chez les écologistes.

Pourtant les chiffres sont là et qui mieux que Jean-Marc Jancovici peut nous exposer clairement l'état actuel du problème ? "En 2000, la population du globe se montait à 6 milliards d'être humains. Il s'agit assurément là d'un nombre bien plus important que ce que notre planète a connu durant les millions d'années qui se sont écoulées depuis l'apparition de notre espèce, et cela est toujours considérablement supérieur à ce que la population mondiale a représenté durant les siècles et millénaires qui ont précédé 1900 : nous n'étions que quelques millions d'hommes quand l'agriculture a fait son apparition ; cela n'a pris que 13 ans (de 1987 à 2000) de rajouter un milliard d'individus supplémentaires à la population mondiale alors qu'il a fallu 10.000 ans pour passer de quelques millions de personnes à 1 milliard.


Evolution démographique depuis le néolithique. Source : musée de l'Homme


Jean-Marc Jancovici poursuit et nous alerte en nous disant qu'il n'y a absolument aucun doute que nous avons vécu une accélération brutale au cours des époques récentes, et il est légitime de se demander si la prolongation de cette évolution peut être "soutenable" durant le siècle à venir, parce que des rétroactions négatives de toute sorte vont en s'amplifiant avec la taille de la population. Comme la taille de la population actuelle est sans précédent, il n'est pas possible de se tourner vers le passé pour savoir si la terre est capable de supporter pour un siècle de 3 à 9 milliards d'être humains supplémentaires, comme les scénarios d'émission le supposent. En fait, il n'est même pas possible de savoir si l'environnement terrestre pourrait supporter 6 milliards d'être humains pour quelques siècles (ou même un seul), parce que même si la taille de la population restait stable à 6 milliards d'individus, le simple fait que nous recherchions la croissance matérielle perpétuelle met le monde perpétuellement hors d'état d'équilibre".

"Il est intéressant de noter que la croissance démographique mondiale connaît, si on la regarde sur une longue période, un point anguleux - c'est-à-dire une évolution bien plus rapide que celle d'une exponentielle - précisément au moment où l'homme a découvert l'énergie fossile, c'est-à-dire l'énergie concentrée. Qu'est-ce à dire ? Que beaucoup d'hommes peut signifier beaucoup d'énergie consommée, mais aussi le contraire : beaucoup d'énergie disponible permet de faire vivre beaucoup d'hommes. L'abondance de notre espèce à la surface du globe ne serait alors pas plus durable que la civilisation de l'énergie abondante. A méditer" nous dit, pour terminer, Jean-Marc Jancovici

Sincèrement je crois donc qu'une fois de plus les voyants sont aux rouge est qu'il nous faut regarder une fois de plus ce dragon dans les yeux, au même titre que nous devons regarder les changements climatiques, la perte de terres agricoles et forestières, les pollutions toutes aussi diverses que variées comme des dragons dressés devant notre route. Il ne faut pas également occulter le risque de tomber dans une idéologie fasciste d'eugénisme radical, contraire aux droits de l'Homme, comme cela a été ne nombreuses fois vu dans l'histoire et de contrôles forcés des naissances, quand on aborde le sujet de la surpopulation. C'est pourquoi, je pense qu'il est urgent que ce débat sorte sur la place publique et ne soit pas refusé par nos élites afin que la réflexion reste sereine, constructive dans un objectif d'épanouissement des familles et de maintien d'une humanité durable.

Deux pistes, à mes yeux, nous permettent d'espérer ... si nous avons la volonté d'agir. Ainsi je pense que de la liberté et de l'éducation jaillit la responsabilité. L'éducation est donc l'une des réponses au problème de surpopulation car il est prouvé que lorsque les peuples sont instruit, surtout les femmes, le nombre de naissance baisse. La seconde piste vient comme une réponse à Gandhi par la FAO qui a publié un rapport disant que l'on pourrait nourrir l'humanité rien qu'en bio, soit se sont des sots et il faut arrêter de les payer, soit il ne le sont pas et il nous faut donc les écouter. Il semble donc que le champs de tous les possibles soit ouvert devant nous, dépendants d'une véritable volonté politique mondiale et de conscience terrienne à développer. Conscience terrienne qui devra nous voir, nécessité faisant loi, faire nôtre, cette autre phrase de Gandhi qui appelait l'humanité à "vivre simplement afin que d'autre puisse simplement vivre".

Bruno BOMBLED