"Le motif de base de la résistance était l'indignation. Nous vétérans des mouvements de résistance et des forces combattantes de la France libre, nous appelons les jeunes générations à faire vivre, transmettre, l'héritage de la résistance et ses idéaux. Nous leur disons : prenez le relais, indignez-vous ! Les responsables politiques, économiques, intellectuels et l'ensemble de la société ne doivent pas démissionner, ni se laisser impressionner par l'actuelle dictature des marchés financiers qui menacent la paix et la démocratie.

Je vous souhaite à tous, à chacun d'entre vous d'avoir votre motif d'indignation. C'est précieux."

Stéphane Hessel

lundi 26 février 2024

propositions de l'exécutif sur l'agriculture : une régression inquiétante

Dans une tribune au « Monde », un collectif de de plus de 1000 scientifiques spécialistes des questions d’écologie et de santé, parmi lesquels la Société française d’écologie et d’évolution, l’Office français de la biodiversité et la réserve naturelle nationale du Val de Loire, s’alarme des décisions prises par le gouvernement pour mettre fin aux mobilisations des agriculteurs.

Publié le 26 Février 2024

Indignation, colère. La communauté scientifique qui travaille sur les enjeux environnementaux constate que, malgré l’accumulation de preuves issues de ses travaux, les récentes décisions de l’exécutif pour mettre fin aux manifestations des agriculteurs représentent des reculs manifestes dans la lutte contre la dégradation environnementale et pour la préservation de ses fonctions écologiques. 

Ces reculs n’apportent aucune réponse satisfaisante aux problèmes de qualité de vie des agriculteurs. Au contraire, ils entraînent des risques majeurs sur la santé humaine, en premier lieu celle des agriculteurs, mais également celle de l’ensemble de la population actuelle et future. 

Notre communauté scientifique est solidaire du monde agricole avec lequel elle collabore et interagit étroitement. Nous constatons que de nombreux agriculteurs souffrent : lourdes charges de travail, contraintes économiques et bureaucratiques, notamment liées à un modèle agricole concurrentiel, basé sur la course aux volumes de production. Ces contraintes se traduisent par des revenus insuffisants, une surexposition aux risques professionnels, dont un taux de suicide très élevé et un fort impact environnemental. De nombreuses maladies, dont certains cancers, ont une plus forte prévalence chez les agriculteurs qui sont ainsi les premières victimes de l’exposition aux pesticides et de la dégradation de l’environnement. 

Le problème est profondément enraciné et résulte notamment des règles commerciales internationales et de leur mise en œuvre nationale, ainsi que d’une surreprésentation, au sein des instances de décision, d'organisations qui ne représentent qu'une partie du monde agricole. Cette situation entrave l’adoption nécessaire d’une approche vers une agriculture paysanne soutenable et nourricière qui concilie les impératifs de subsistance de la population et la préservation des écosystèmes. 

Les décisions prises par le gouvernement représentent un recul majeur pour l’environnement et la santé des habitants des zones rurales, ainsi que pour l’ensemble de la population: 

  • “Pause” des inventaires de zones humides, menaçant leur protection, alors que ce sont des zones clés pour le cycle de l’eau et la biodiversité 
  • Remise en cause de l’obligation de dédier des surfaces aux infrastructures agroécologiques (comme les haies) ou les jachères, pourtant éléments clés dans le maillage écologique et social de nos territoires 
  • « Pause » du plan Ecophyto, visant à réduire l’usage de produits phytopharmaceutiques, et ainsi les pollutions aiguës et diffuses associées, et remise en cause du mode de mesure de ces pollutions. 
  • Recul sur le relèvement de la redevance pour pollutions diffuses, appliquée notamment sur certains produits phytopharmaceutiques, alors que le coût associé au traitement de ces pollutions explose. 
  • Recul sur les décisions prises dans le plan Eau sur la stabilisation des prélèvements en eau agricole. 
  • Recul sur l’harmonisation d’une redevance sur l'eau agricole entre bassins versant pour réduire l’écart entre les redevances payées par les usagers. 
  • Stigmatisation et désarmement envisagé de la police environnementale de l’Office français de la biodiversité, limitation du nombre pourtant déjà faible de contrôles, réduisant les possibilités de détecter les pratiques non-conformes, les situations à risque pour la biodiversité, les atteintes à la qualité de l’eau ou les usages de l’eau pouvant conduire à un partage non-équitable. 

Nous tenons à rappeler que les conséquences de la pollution diffuse causée par les intrants de synthèse (fertilisants minéraux, pesticides de synthèse), dont les coûts sont indexés à celui de l’énergie, ainsi que la poursuite de la dégradation des écosystèmes tels que les zones humides, les haies, les sols, les cours d’eau et les nappes, sont unanimement reconnues par la communauté scientifique comme délétères pour la santé humaine et environnementale, la biodiversité et le fonctionnement des agroécosystèmes et des écosystèmes connexes. 

Ces reculs ne font que retarder davantage la bifurcation indispensable vers des activités humaines soutenables, enviables et respectueuses des communs tels que l’eau, les sols, l’air et la biodiversité. En contravention avec l’article L.110-1 du Code de l’environnement qui stipule le principe de non-régression à notre droit positif suivant lequel la protection de l’environnement ne peut faire l’objet que d’une progression constante, ce recul compromet également les actions engagées pour lutter contre le changement climatique et la perte de biodiversité. Les sols peuvent jouer un rôle crucial en tant que réservoirs d’eau, et tout comme la végétation arborée pérenne en tant que puits de carbone. 

Bien que les diagnostics des crises environnementales et de santé publique reposent largement sur les connaissances de la communauté scientifique, les normes qui en découlent peuvent être mal comprises, et perçues comme contre productives lorsqu'elles sont mises en œuvre de manière incompréhensible, tant par les agriculteurs que par les scientifiques. 

Des approches reposant sur la co-construction des savoirs seraient bien plus efficaces pour rendre les normes opérables et acceptables. Ces approches interdisciplinaires permettent de mieux intégrer les aspects sociaux, économiques et politiques de l’agriculture. Elles ne devraient pas servir de prétexte à de nouvelles inerties face à l’urgence de ces crises, mais plutôt être les leviers pour engager les changements indispensables pour les enrayer. 

Nous réaffirmons la nécessité d’une coopération entre les pouvoirs publics, les agriculteurs, les citoyens et les scientifiques pour accélérer la bifurcation vers une agriculture soutenable, pilier de la transition écologique à venir, et rémunératrice des agriculteurs plutôt que l’enfermement dans un modèle destructeur pour l'agriculture, les agriculteurs et l'environnement.

vendredi 2 février 2024

Crise de l'agriculture ... le bal des tartuffes

Et si on arrêtait le bal des tartuffes ? Non, ni le RN ni LR ne défendent les agriculteur.ices au Parlement Européen.... Les parlementaires LR ont voté pour le marché de libre-échange avec la Nouvelle -Zelande.... 


Le bal des faux-culs, la suite .... Il y a celles et ceux dont les élu.e.s européen.ne.s, nationaux et régionaux votent et agissent VRAIMENT en soutien aux agriculteur.trice.s ... et il y a celles et ceux qui posent des panneaux à l'envers quand leurs représentant.e.s votent à l'unanimité les textes qui détruisent à la fois la planète et les revenus des agriculteur.trice.s. 

Et pourtant … Voter pour l'ultra-libéralisme, pour le capitalisme prédateur, pour les accords libre-échangiste, voter pour la concurrence débridée puis pleurer, ensuite, contre les conséquences qui vous affectent tout en accusant les écolos d'être responsables de tous ses malheurs et réclamer à l’État providence de réparer ce que vous avez plébiscité lors de vos votes, tout en affirmant votre détestation de ce même État qui régulerait trop et surprotégerait trop, telle est la logique absurde des agriculteur.trice.s productivistes, largement électeur.trice.s de la droite qui est au pouvoir en Europe et en France totalement responsable de la jungle économique actuelle qui fait souffrir les plus fragiles. 

 

Ainsi donc on peut lire dans Reporterre du 26 janvier 2024 : "[...] Pour Benjamin, agriculteur à Saint-Sulpice-sur-Lèze, les « normes écologistes dictées par les bobos écologistes de Paris » sont responsables de leurs difficultés[...] 

heu 🤔?!?! 🤔 Je ne savais que nous étions au pouvoir 🤔 je méconnaissais notre si grande influence sur les prises de décisions. 

En temps de crise profonde, il est toujours facile de trouver des boucs émissaires. Cependant, les écologistes ne sont pas les responsables du dérèglement climatique (ou pas plus que tout le monde), de l'épuisement des sols par le labourage à outrance et les pesticides qui tuent toutes vies, de l'érosion des sols par la destruction des haies et du labour, du bétonnage des terres agricoles, de l'effondrement de la biodiversité, pas plus que des suicides, des cancers et maladies dû à l'utilisation des pesticides chez les agriculteur.trice.s, ni du mille feuilles administratif, pas plus que du non-respect de la loi Egalim ou des accords de libres échanges. 

Il arrive un moment où il faut savoir reconnaître sa propre responsabilité (c'est pourquoi, personnellement, je cherche, tous les jours, à modifier ma vie afin de ne pas être plus responsable, que ce que le système ne me l'impose, de la destruction de notre environnement et du climat) et aujourd'hui les écolos ne sont pas responsables de la situation difficile (pour ne pas dire dramatique) des agriculteur.trice.s. 

 

Entre vous et moi, si vous voulez bien comprendre l'impasse dans laquelle sont les agriculteur.trice.s aujourd'hui à cause des politiques passées et actuelles et comprendre les méandres d'un système qui, sous couvert de défendre les paysan.ne.s, en fait les broie, je ne peux que vous conseiller de lire (si ce n'est déjà fait) l'excellente enquête d'Inès Leraud "Algues vertes, l'histoire interdite". Enquête qui montre très bien que le but des financiers n'est pas de nourrir les gens mais de faire du fric. Excellente enquête qui montre bien qui sont les responsables de la difficile situation agricole en France et ce ne sont ni les normes, ni les écolos. 

 

Que l’on ne se méprenne pas, il est parfaitement clair que je soutiens l’agriculture française cependant il est clair aussi que je ne soutiens pas la FNSEA qui cogère l’agriculture française, avec les différents gouvernements actuel et précédents, depuis des décennies, non pour défendre les intérêts des paysan.ne.s mais ceux des sociétés de l’agro-alimentaires capitalistes. Je soutiens la confédération paysanne, le seul syndicat paysan qui défend, dans une logique, écologique, sociale et solidaire, les paysan.ne.s et non les multinationales, les banques ou bien encore l'agro-industrie qui étranglent, petit à petit, les agriculteur.trice.s. Pour une agriculture saine, fière et vivante, je soutiens la Conf' !!! ✊ 

Ainsi donc, à la fin de cette séquence agricole, le premier Ministre, Gabiel Attal, en voulant faire un pas vers les agriculteur.trice.s et comme pour leur donner raison, fait un doigt d'honneur aux associations de protection de l'environnement en proclamant … 

  • Moins de normes, notamment environnementales, 
  • Que le délai des recours contre les méga-bassines réduit à deux mois, 
  • Que les contrôles seront moins fréquents, ouvrant la porte à tous les abus écologiques 
  • Un moratoire sur les jachères qui permettent, un peu, de faire souffler la biologie des sols, 
  • Que les réglementations sur les haies seront réduites, 
  • Une pause « pour discuter du zonage » des zones humides 
  • Que l'OFB sera mise sous tutelle des préfets et lui ordonne de réduire sa pression sur l'agriculture. 
  • L’arrêt du plan Écophyto 2030 
  • ...

Aux problèmes de revenus des agriculteur.trice.s, Attal répond par une régression écologique. 

On savait qu'avec Macron et sa clique « l'environnement ça commence à bien faire », mais là c'est un enterrement de première classe. 

Pensez-y à chaque scrutin, si vous aimez vraiment nos agriculteur.trice.s et que vous voulez vraiment les soutenir alors cessez de voter pour l'ultra-libéralisme, cessez de voter pour le capitalisme, cessez de voter pour le libre échangisme ... 

Cessez de voter, tant en France qu'en Europe, pour la droite et son extrême qui détruisent le monde agricole en mettant les européen.ne.s en concurrence les un.e.s avec les autres sans harmonisation sociale et salariale. 

Dès lors la concurrence est biaisée et déloyale, impossible et mortelle pour nos agriculteur.trice.s. La droite, au pouvoir partout, a oublié que l’on ne bâtît pas une communauté sans règles sociales communes. 

Cessez d'être complices des politiques de droite qui détruisent les paysan.ne.s. votez pour une France et une Europe Écologique, sociale et solidaire.

lundi 1 janvier 2024

2024 une année écologique, en France et en Europe

Comme Marine Tondelier, Secrétaire Nationale des Écologistes, je fais le même constat que cette année 2023 fut tristement agitée malgré tous les bons vœux qui avaient été souhaités traditionnellement : mobilisation contre la réforme des retraites et contre l’entêtement du gouvernement, bataille pour le libre accès à l’eau marquée par les évènements de Sainte-Soline, la mort du jeune Nahel et les questions sociétales qu’elle a soulevé, besoin criant de remettre des moyens pour la continuité des services publics, ou encore intensification des conflits en Ukraine, en Arménie et au Proche Orient … 

Par ailleurs l’adoption récente de la loi immigration, rêvée par l’extrême droite et permise par la droite extrême et par la majorité, révèle que les digues, à droite, ont craqué et la droite décomplexée est En Marche ! Le président Macron qui devait être un rempart au RN est devenu son meilleur tremplin. Ainsi Jordan Bardella est intronisé première personne politique préférée des Français.e.s par le «JDD» de Vincent Bolloré, à l'heure où le journaliste d’extrême droite, Geoffroy Lejeune a été nommé directeur de la rédaction du même journal. Pire encore le RN est le premier parti en intentions de votes aux européennes, le président du RN, qui participe à cela, est bel et bien l’emblème de l’opération de lissage effectuée par le parti d’extrême droite ... et ça marche !

Souvenons-nous toujours de ce que disait Françoise Giroud : « Ainsi commence le fascisme. Il ne dit jamais son nom, il rampe, il flotte, quand il montre le bout de son nez, on dit : C'est lui ? Vous croyez ? Il ne faut rien exagérer ! Et puis un jour on le prend dans la gueule et il est trop tard pour l'expulser. » 

Aujourd’hui, comme hier, Le fascisme c'est la gangrène de Rome à Paris, de New Delhi à Jérusalem, d'Ankara aux petits villages d'Europe ... Partout la droite extrême monte en se montrant proche du peuple, et pourtant, partout, leurs actions montrent le contraire. En France, les votes du RN démontrent qu’il n'aime pas les gens, le RN les utilise ! Ainsi malgré « la stratégie de respectabilité sagement appliquée par les parlementaires RN » nous dit le journal l’Humanité, les votes du RN « montrent que la dédiabolisation n’est qu’un vernis et leur discours social une imposture. ». 

Pour exemple, les député.e.s RN ont voté :

  • contre l’augmentation du SMIC, 
  • contre l’indexation des salaires sur l’inflation, 
  • contre la revalorisation des retraites et des fonctionnaires, 
  • contre la gratuité des cantines, 
  • contre la gratuité des premiers mètres cubes d’eau, 
  • contre le gel des loyers, 
  • contre taxer davantage les riches, 
  • contre la garantie jeunes à 1 063 euros 
  • pour la réduction des droits liés au chômage. 
  • Etc … 

Dès lors il est temps que la Gauche et les écologistes se réveillent et sortent de leur fatalisme. 

Non le RN n’a pas encore gagné ! 

Chaque mobilisation compte et comptera ! 

Chaque vote, pour une société écologique et sociale, compte et comptera ! 

Ainsi donc, alors que les écologistes s’élancent vers un objectif de renforcer la présence des Verts, au parlement européen en 2024, en les soutenant, portons maintenant, toutes et tous ensemble, un projet politique capable de répondre aux urgences sociales et aux défis écologiques, climatiques, de biodiversité, énergétiques et métalliques qui menacent notre durabilité suivant les choix que nous ferons ou ne ferons pas. 

Ensemble, portons, aujourd’hui, demain et toujours un projet d’Écologie Sociale et Solidaire en permettant aux écologistes d’orienter pleinement les décisions nationales et européennes car seul.e.s les écologistes sont en capacité de relever les défis de la durabilité. 

Ainsi, le 9 juin 2024 votons écologiste ! 

Votons pour la liste présentée par Marie Toussaint. 

Dans l’attente de ce rendez-vous important pour l’avenir, que sont les européennes, je vous souhaite une belle et heureuse année 2024, pleine de succès, de paix, d’amour et d’amitiés dans vos vies.

jeudi 6 juillet 2023

Dès lors les banlieues se sont embrasées

 


"Il y a trois sortes de violence. La première, mère de toutes les autres, est la violence institutionnelle, celle qui légalise et perpétue les dominations, les oppressions et les exploitations, celle qui écrase et lamine des millions d’hommes dans ses rouages silencieux et bien huilés. La seconde est la violence révolutionnaire, qui naît de la volonté d’abolir la première. La troisième est la violence répressive, qui a pour objet d’étouffer la seconde en se faisant l’auxiliaire et la complice de la première violence, celle qui engendre toutes les autres. Il n’y a pas de pire hypocrisie de n’appeler violence que la seconde, en feignant d’oublier la première, qui la fait naître, et la troisième qui la tue." Dom Helder Camara 

Même en étant "connu défavorablement" de la police, même en refusant d'obtempérer, la mort n'était pas une option. Non Nahel n'avait aucunes bonnes raisons d'être tué. Je pense à la famille et fait mienne leur douleur. 

Et c’est comme une histoire qui se répète avec "Monsieur blanc cassis qui continue son délire convaincu que déjà son âme est chez le diable, que sa mort fût trop douce, qu'il méritait pire ... "

"Je vois la France entière du fond de mes ténèbres 

Les charognards sont là, la mort ne vient pas seule 

J'ai la connerie humaine comme oraison funèbre 

Le regard des curieux comme unique linceul 

C'est bien fait pour ta gueule 

Tu n'es qu'un p'tit salaud 

On portera pas le deuil 

C'est bien fait pour ta peau

Renaud

Dès lors les banlieues se sont embrasées … Mais ?!?! 

Mais en quoi piller le Franprix et l'opticien c'est rendre hommage à Nahel ?!?! Franprix ou l'opticien sont-ils responsables de la mort de Nahel ? En quoi les pillages vont-ils régler les problèmes qui se posent dans la police ? Les pillards ne sont que des vandales. En quoi casser la ville cela va-t-il améliorer la qualité de vie des Ulissien.ne.s ? 

Casser, brûler la voiture des Ulissien.ne.s, qui ne sont pas les gens les plus riches de la planète, casser l'une des villes les plus pauvres de l'Essonne, une ville profondément amoureuse et au service de sa population, c'est quoi le message politique ?!?! 

"Déjà que j'avais pas grand chose 

Dans ma petite vie pas toujours rose 

[...] Oublié des hommes et de Dieu 

Entre ma petite femme et mon chien 

J'avais que la télé et puis rien 

[...] On m'a taxé ma seule richesse 

Et je réalise avec tristesse 

Que les voleurs c'est malheureux 

Volent toujours à plus pauvres qu'eux 

Si je tenais l'enfant de gredin 

Qui m'a volé mon nain de jardin 

Je lui ferais passer le goût du pain 

Je lui ferais passer le goût du pain" 

Renaud 

"Moi je te le dis, je condamne fermement les violences. C'est pas bien ! C'est mal ! La colère est légitime, mais les voyous ils n'ont pas à détruire les services publics, les transports ou les hôpitaux. Ça ! C'est le travail de l’État !!!" Wali Dia, France Inter. 

La solution ne peut jamais être la violence en État de droits, la solution est obligatoirement politique, par l'engagement et le vote. C'est en cela que l'apaisement ne se décrète pas mais qu'il se construit ... 

Bouder la Gauche et les écologistes ou s'abstenir c'est s'assurer que des politiques de droites soient au pouvoir et que l'on récolte la misère et la colère. 

La violence ne fait juste que renforcer l'image de racailles que l'on a dans l'esprit des conservateur.trice.s et des réactionnaires qui eux et elles ne s'abstiennent pas de voter à droite. La violence fait le lit des fachos. Les violent.e.s sont les idiot.e.s utiles des fascistes. 

Mais ceci étant dit, je vois dans la colère populaire une colère contre une France qui n'a pas fait son travail autour de notre culture collective colonialiste et un brin raciste qui engendre plafonds de verre et stigmatisation sociale, qui engendre la frustration et donc la colère. Je repense au film "Noirs en France" qui retrace très bien les préjugés qui sont dans nos têtes façonnées par des années de pub racistes et de blagues à la con. Un film qui retrace des histoires individuelles, façonnées par des années de préjugés et de stéréotypes. Qu'y a-t-il de commun entre les Noir.e.s français.e.s ? Pas grand-chose ou pour mieux dire, autant qu'avec n'importe quel.le autre citoyen.ne de France. Pas grand-chose, en effet, hormis leur couleur de peau et le racisme dont ils et elles sont victimes, c'est ce que démontre très bien ce film. 

Je vois dans la colère populaire une colère contre une France qui maintient les castes et enferme ses enfants dans des stéréotypes. Une France qui s'empêche de faire Nation. En "France, aujourd'hui, certaines vies valent moins que d'autres. Certains territoires valent moins que d'autres. L’égalité y est un concept théorique." nous dit très justement Cyrielle Châtelain, Députée EELV. 

Aujourd'hui combien sommes-nous à nous être regardé.e.s honnêtement en face et avons reconnu être forgé.e.s de cette petite, minable, condescendante et insidieuse supériorité blanche, même ceux et celles qui, comme moi, ont été élevé.e.s dans l'anti-racisme ? Combien ? Combien sommes nous à avoir accepté que cela fasse tristement partie de notre histoire, de notre culture collective, mais que jamais cela ne puisse biaiser notre regard, notre écoute et notre respect pour nos semblables issu.e.s d'ailleurs ? 

J'accuse depuis des années et je continue à accuser la droite et le patronat d'être la cause de la désespérance des jeunes en refusant la diversité dans leurs entreprises, en mettant des bâtons dans la vie de nos jeunes issu.e.s des cités et des banlieues. Rien de pire que les racistes non-racistes qui nous expliquent, la main sur le cœur, la voix tremblante d'émotions, que tout ça est dans nos têtes, que tout cela n'existe pas et surtout pas dans leur entreprise. Et pourtant les testing d'SOS racisme, nous disent une autre version de l'histoire. 

Comme le dit mon ami Mustapha L., "Les Mustapha, Rachida, Mamadou et autres, nous avons tous et toutes des "incidents" croustillants et multiples à raconter. Lorsque il a fallut les relater, nous étions dans la victimisation

Les patrons sont responsables de la discrimination sociale, du désespoir et finalement de la colère.

vendredi 23 juin 2023

Les quatre Titanic

Jacques Attali dit, dans une plus belle langue que moi et avec plus de talents, ce que je dis. Lui, moi et plein d'autres personnes avons été frappés par ce que dit vraiment de nous le naufrage du sous-marin Titan. 

La métaphore est si évidente qu’on hésite à l’utiliser : voir un petit sous-marin touristique ironiquement nommé « Titan », se fourvoyer dans le voisinage de l’épave du Titanic, dans un voyage d’observation obscène, comme si on espérait y apercevoir les restes de ceux qui y sont morts noyés ; le voir ensuite disparaître, comme celui qu’il allait observer ; se rendre compte que ceux qui s’y trouvent sont trois audacieux touristes milliardaires, l’organisateur de ce voyage et un guide ultra compétent ; observer les médias du monde entier s’intéresser à ce fait divers, et en parler ad nauseum ; voir les armées et les entreprises les plus puissantes mettre en scène une opération de sauvetage qui leur sert surtout à faire la publicité de leurs propres machines. Tous les travers de notre époque s’y trouvent rassemblés : la fascination pour le spectacle de la mort, le gout illimité des plus riches pour la consommation la plus luxueuse et pour les sensations fortes, la panne d’une machine à qui on a trop demandé, la passion des médias pour la vie des riches, la folie dispendieuse des puissants faisant tout pour sauver leurs proches, l’usage de tout, même du pire, pour créer des sources de spectacle et de profit. Comme un nouveau Titanic refaisant les mêmes erreurs mortelles que le précèdent. Et dont certains se préparent déjà, d’ailleurs, sans doute à faire des films. 

 Mais il y a plus encore, car il y a aussi au moins deux autres Titanic. 

Les bateaux de réfugiés d’abord, qui coulent, dans l’indifférence générale, en Méditerranée et ailleurs. Et, pour ne parler que de l’un d’entre eux, qui n’est pas tout à fait passé inaperçu, en route vers l’Italie, repoussé au large, et oublié quand il a commencé à couler ; sans qu’on ne consacre, pour sauver 750 enfants, femmes et hommes, le millionième des moyens qu’on a consacré à tenter de secourir cinq personnes. (Qui a cherché à entendre des cognements dans la carcasse de ce misérable bateau de pêche, où on savait qu’avaient été enfermés des centaines de femmes et d’enfants ?). Cela dit, tant de ce qu’est notre monde, où l’aveuglement des puissants, la concentration des richesses et l’oubli des plus pauvres sont devenus la règle. 

 Et enfin, un quatrième Titanic, si énorme qu’on ne le voit pas : notre humanité. Nous sommes tous, comme sur le Titanic, emportés vers l’avenir sans vraiment choisir une destination, fascinés par nos moyens, aveuglés par notre puissance, inconscients des dangers, oublieux des misères des gens qui sont dans la soute. Et, une fois de plus, tardant à utiliser les moyens dont nous disposons pour nous sauver. Le sort des trois autres Titanic nous démontre que ni les plus riches, ni les plus pauvres, ne sont sortis vivants de l’aventure. 

Nous n’avons pas encore coulé. Ni comme le Titanic, ni comme le Titan, ni comme ce bateau de pêche anonyme. Nous ne sommes pourtant pas loin de la catastrophe. C’est une affaire de deux décennies, c’est-à-dire rien. Nous avons encore le temps de faire ce que je nomme « le Grand Virage ». Nous ne sommes absolument pas en train de le faire. On se contente de rassurer les vivants d’aujourd’hui avec quelques mesures de façades qui n’empêcheront pas le monde de devenir, à tres court tres terme, un enfer invivable. Il faut l’assumer. Comme avec les trois autres Titanic, sans une action très rapide et considérable, nous serons les fossoyeurs, sinon les assassins de nos petits-enfants. 

 N’oublions pas d’ailleurs que le nom du Titanic fut justement choisi en référence orgueilleuse aux Titans, nom générique des fils de Gaia et d’Ouranos, dont Chronos qui fut combattu par le seul de ses fils qu’il n’avait pas dévorés ; Zeus qui finit par vaincre son père et le noyer, avec ses oncles (sauf Océan, Thémis, Prométhée et Epiméthée) dans le fleuve Tartare. Zeus garda le ciel pour lui et donna la mer à un de ses frères, Poséidon, et les Enfers à l’autre, Hadès. Là encore, tout est dit. 

Puisse ce fait divers (dont je ne peux que deviner l’issue vraisemblablement tragique à l’heure où j’écris) nous servir de leçon. 

Et si l’issue n’est pas tragique, mettons en œuvre au plus vite les mêmes moyens pour sauver l’espèce humaine.

Jacques Attali 

Image : Scène du film “Titanic”, de James Cameron (1997). © Crédit photo : 20th Century Fox.

jeudi 22 juin 2023

Le Titan ou l'allégorie de l'arrogance

 

Cette recherche de sous-marin en perdition autour de l'épave du Titanic mise en parallèle avec le dernier naufrage meurtrier en Méditerranée, met en lumière l'inégalité écœurante des vies que vous soyez puissant.e ou misérable. 

Que l'on ne se méprenne pas, je souhaite ardemment que l'on retrouve vivants les cinq passagers du sous-marin. Aussi stupides soient ces gens riches qui se croient tout permis parce qu'ils en ont les moyens, personne ne mérite de mourir au fond de l'océan. 

Mourir en mer c'est, pour moi qui suis un gens de mer, un cauchemar. 

Ceci étant dit, c'est une fois de plus la démonstration que la vie humaine n'a pas la même valeur suivant que tu sois riche ou pauvre. Si tu es riche on déploiera des moyens fous pour te venir en aide en revanche, si tu es pauvre et réfugié.e sur une misérable épave flottante, on souhaitera presque que tu ne coules avec tes compagnons d'infortune. 

Il y a clairement deux poids, deux mesures. 

C'est une triste allégorie de notre monde. 

Le Titan ou l'allégorie de l'effondrement. 

Ces stupides gens riches qui sont en perdition dans le sous-marin au dessus du Titanic et qui s'arrogent le droit de le faire parce qu'ils peuvent le faire, parce qu'ils ont les moyens de le faire, c'est une image de notre monde de gens riches, dont nous sommes. 

Nous sommes toutes et tous dans le sous-marin dans les abysses des crises écologiques, climatiques, de biodiversité, énergétiques et métalliques qui menacent notre durabilité. 

Nous sommes dans ce sous-marin, jouissant de la possibilité de naviguer en eaux profondes sans en saisir le danger, jouant même avec le danger. 

Nous sommes stupides de poursuivre la descente alors qu'en surface, si nous cessons l'expérience, notre survie est assurée. 

Et pourtant nous continuons la descente. 

Pire !!! Nous, gens riches, à refuser de renoncer à la jouissance de la toute puissance, nous entraînons, dans le sous-marin le reste de l'humanité et les générations futures. 

Nous sommes ces stupides gens riches dans ce sous-marin en perdition et nous attendons que le monde entier, à notre service parce que nous sommes riches, vienne nous sauver. Nous sommes ces stupides gens riches dans ce sous-marin en perdition, mais personne ne pourra nous sauver malgré la technologie déployée. 

Le Titan ou l'allégorie de l'arrogance


 

dimanche 11 juin 2023

Paris-Saclay, Ligne 18 un obstacle écologique et agricole

 

ZPNAF. Le plateau de Saclay constitue une zone à vocation agricole au sud de Paris et bénéficie, de part sa configuration géologique et géographique, de terres exceptionnellement fertiles et tolérantes à la sécheresse. En 2008-2010, la conjonction de l’Opération d’Intérêt National Paris-Saclay et du projet du Grand Paris annoncent une forte urbanisation du Plateau de Saclay. Les mobilisations de la société civile et d’élus locaux aboutissent à la création d’une zone de protection naturelle, agricole et forestière (ZPNAF) à Paris-Saclay dans le cadre de la Loi du Grand Paris. Cette zone (4115 ha) rend non urbanisables les espaces naturels et agricoles qui la composent. 

 https://epa-paris-saclay.fr/le-territoire/tout-savoir-sur-la-zpnaf/ 

Ligne 18. L’utilité publique de la ligne 18 a été confirmée par le conseil d’État en juin 2018. La ligne 18 relie Orly à Versailles et comporte initialement une section souterraine (Orly-Palaiseau) et une section aérienne en viaduc (Palaiseau-Versailles). En novembre 2020, la Société du Grand Paris (SGP) a décidé de « mettre au sol » une section de 5.1 km entre Saclay et Châteaufort, pour des raisons «à la fois paysagères et budgétaires». Ces 5km au sol coupent en deux la zone de protection naturelle, agricole et forestière (ZPNAF). Une étude d’impact est réalisée par la SGP (SGP juin 2021, mars 2022). Les mesures de réduction des impacts consistent à mettre en place des zones de passages pour la faune pour préserver les continuités écologiques et un tunnel pour la traversée de la Ligne 18 par des engins agricoles. 

Zaclay. Le collectif contre la Ligne 18 (https://nonalaligne18.fr/) s’installe le 22 mai 2021 sur des champs agricoles du Plateau de Saclay, prêtés par des agriculteurs du plateau. Le collectif défend, entre autre, l’abandon du tronçon Massy-Versailles de la Ligne 18 : un transport inadapté aux besoins de la population et surdimensionné. Cette revendication est confirmée (au moins sur la partie Saclay-Versailles) par la publication récente, par la SGP, des prévisions de trafic de voyageurs. La soutenabilité financière du tronçon Saclay-Versailles est questionnée par de nombreuses associations. 

Une proposition alternative au tronçon au sol. Une enquête publique est ouverte du 28 juin au 30 juillet 2021, concernant, notamment, la modification du projet Ligne 18 avec le passage au sol de la Ligne 18 sur le tronçon Saclay-Châteaufort. Le 12 octobre 2021, la commission d’enquête publique remet son rapport. Elle souligne les impacts négatifs de ce passage au sol et propose une solution alternative dont voici un extrait : "Ainsi, il apparaît à la commission d’enquête judicieux d’apporter un correctif au projet modifié présenté en prolongeant en tranchée ouverte avec un passage en tranchée couverte sous la RD938. La ligne 18 pourrait être à la même profondeur entre la zone des Graviers et le rond-point de Châteaufort.

(https://www.prefectures-regions.gouv.fr/ile-de-france/content/download/87795/564358/file/2021-10-12_Conclusions_L18DUPmodif2.pdf). 

Terre & Cité. L’association Terre & Cité (créée dès 2001 pour préserver les terres agricoles du plateau de Saclay, https://terreetcite.org/) et sa présidente Caroline Doucerain (maire des Loges en Josas) tentent de négocier avec la SGP et la préfecture de l’Essonne pour défendre la solution de la tranchée ouverte. La préservation des fonctionnalités agricoles de la ZPNAF inclue la facilitation des circulations agricoles, qui sont menacées par le passage au sol de la Ligne 18. Les plans fournis à l’association par la SGP concernant le passage des engins agricoles sous la Ligne 18 ne sont pas convaincants. De façon générale, chaque nouvel élément d’urbanisation du plateau de Saclay réduit la facilité des circulations agricoles. Une lettre ouverte est adressée par les agriculteurs et les élus locaux du plateau à la Première Ministre le 1er décembre 2022. 

Continuités écologiques. Le 6 juin 2023, une étude menée par des scientifiques de l’Institut Diversité, Ecologie, Evolution du Vivant (IDEEV) sous la direction de Paul Leadley montre que le passage au sol de la Ligne 18 sur le tronçon Saclay-Châteaufort menace les continuités écologiques du plateau. Elle est disponible sur le lien : 

https://moulon.inrae.fr/news/2023/06/continuit%C3%A9s-%C3%A9cologiques-du-plateau-de-saclay/ 

Conclusions. Les agriculteurs du plateau, les élus, des collectifs citoyens et des scientifiques de l’IDEEV s’accordent pour s’inquiéter des impacts négatifs du passage au sol de la ligne 18 sur le tronçon Saclay-Châteaufort. Le rapport de Paul Leadley pose un regard nouveau sur la question des continuités écologiques. Les négociations entre l’association Terre & Cité et la SGP, qui ne prend pas en compte les recommandations de la commission d’enquête publique pour des questions budgétaires, sont plus que difficiles. Quel est le prix de la préservation de la biodiversité sur le Plateau de Saclay ? 

Par Christine Dillmann, professeure à l’Université Paris-Saclay et dirige l’UMR GQE-Le Moulon, membre fondateur de l’Institut Diversité, Ecologie, Evolution du Vivant (IDEEV). Elle est depuis janvier 2019 responsable du domaine agricole expérimental de l’unité de recherche. A ce titre, elle fait partie du collège agriculteurs de l’association Terre & Cité.