"Le motif de base de la résistance était l'indignation. Nous vétérans des mouvements de résistance et des forces combattantes de la France libre, nous appelons les jeunes générations à faire vivre, transmettre, l'héritage de la résistance et ses idéaux. Nous leur disons : prenez le relais, indignez-vous ! Les responsables politiques, économiques, intellectuels et l'ensemble de la société ne doivent pas démissionner, ni se laisser impressionner par l'actuelle dictature des marchés financiers qui menacent la paix et la démocratie.

Je vous souhaite à tous, à chacun d'entre vous d'avoir votre motif d'indignation. C'est précieux."

Stéphane Hessel

samedi 4 juin 2016

Mensonges de Céline Imart à "Des Paroles et des actes" : la réponse de Claude Buchot, vigneron bio

Claude Buchot est un vigneron bio dans le Jura. Dans cette lettre, il répond aux mensonges de Céline Imart à « Des Paroles et des actes » du 26 mai 2016.


"J’ai suivi le débat télévisé lors de l’émission « Des paroles et des actes » avec Jean-Luc Mélenchon. J’ai relevé de votre part plusieurs mensonges.

Vous niez que vous appartenez à la FNSEA alors que le CNJA est la branche jeune de ce syndicat qui, d’ailleurs, a conduit à la faillite de l’agriculture que nous connaissons actuellement. Je connais la question : j’ai été militant au CNJA il y a fort longtemps avant de poser ma pierre à la construction de la confédération paysanne.

Vous accusez les bios d’employer du sulfate du cuivre alors que ces derniers ont réduit l’utilisation de ce produit de façon drastique et ne l’emploient pratiquement que sous forme homéopathique. Vigneron bio dans le Jura, je ne l’emploie plus et je l’ai remplacé par des plantes et des huiles essentielles.

Vous dites que les bios utilisent des pesticides. Lesquels ? Citez-les. Mensonge insupportable.

Vous prétendez que les agriculteurs protègent les paysages alors que les haies en France ont été détruites à 90 pour cent. Ce sont des milliers de kilomètres de haies que les agriculteurs (industriels) ont arrachés en 50 ans au détriment de la biodiversité, de la faune, empêchant son rôle de coupe-vent.

Et les sols ? Dégradés à outrance comme n’a cessé de le répéter Jean-Luc Melenchon, avec une quasi-disparition de l’humus, une érosion sans précédent qui va conduire à les transformer en désert (voir les travaux de Claude et Lydia Bourguignon, mais aussi de nombreux agronomes).

Qualité de l’eau ? Allons donc : une eau polluée sous les plaines agricoles par les nitrates et les pesticides. Je vous renvoie à l’émission d’Élise Lucet au mois de février qui cite le cas d’une commune, Morier, en Beauce, qui va bientôt acheminer l’eau à partir d’une source située à 100 km de distance car la nappe qui alimente le village est déclarée impropre.

On pourrait continuer la litanie longtemps. Une poignée d’agriculteurs qui s’enrichissent et un bon nombre qui sont à bout de souffle avec un cas de suicide chaque jour en France.

On peut parler de l’élevage, avec des animaux concentrés dans des immenses ateliers, qui ne voient plus le jour, où la souffrance animale a largement dépassé les limites de la décence, où on ne respecte plus rien, ni le sol, ni l’animal, ni le consommateur ; où on ne se respecte plus soi-même, l’agriculteur étant la première victime du cancer. À ce propos, je peux citer également les travaux de François Veillerette qui dénonce tous les méfaits liés aux pesticides.

Votre idéologie, qui n’en est pas une, mais qui n’est qu’une soumission au dictat des multinationales et du système financier, n’est plus défendable. Avec votre syndicat (FNSEA et CNJA), vous avez décimé les campagnes et cassé la ruralité. Vous êtes les complices de cette faillite douloureuse pour la société. C’est un paysan qui cultive le sol et travaille la terre au quotidien qui vous parle et non pas un penseur illuminé.

Jean-Luc Mélenchon a raison : il faut installer 300000 paysans en France qui vont pratiquer l’agriculture paysanne. De la foutaise ? J’ai commencé à le faire dans mon village en installant 2 jeunes maraîchères en bio qui vivent bien sur une petite surface et valorisent par le biais de circuits-courts. Ensemble, nous avons réhabilité des terres malmenées par les pratiques chimiques et nous avons replanté des haies. Mais pour ça, il faut savoir partager et se séparer de cette soif d’accaparer dans cesse.

Le système que vous défendez n’est plus viable. Il est mort. Il implique en outre le dérèglement climatique, conjointement aux mauvaises pratiques de notre civilisation. La réforme de l’agriculture – et la révolution qu’elle implique – doit faire l’objet d’un vrai projet politique. C’est l’agriculture, organisée et vécue différemment, qui permettra de jeter les bases d’une autre société."

Claude Buchot

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