"Le motif de base de la résistance était l'indignation. Nous vétérans des mouvements de résistance et des forces combattantes de la France libre, nous appelons les jeunes générations à faire vivre, transmettre, l'héritage de la résistance et ses idéaux. Nous leur disons : prenez le relais, indignez-vous ! Les responsables politiques, économiques, intellectuels et l'ensemble de la société ne doivent pas démissionner, ni se laisser impressionner par l'actuelle dictature des marchés financiers qui menacent la paix et la démocratie.

Je vous souhaite à tous, à chacun d'entre vous d'avoir votre motif d'indignation. C'est précieux."

Stéphane Hessel

dimanche 30 août 2015

Comment nourrir l’Europe quand le système s’effondrera ?

Pablo Servigne est ingénieur agronome et docteur en biologie. Spécialiste des questions d’effondrement, de transition, d’agroécologie et des mécanismes de l’entraide, il réalisé des conférences pour faire prendre conscience aux étudiants et à la communauté scientifique du risque d’effondrement de nos systèmes alimentaires.

Dans cette conférence, Pablo Servigne nous invite à ouvrir les yeux sur les limites du système actuel. Sans prendre de pincettes et sur des bases scientifiques solides, ce chercheur démontre les conséquences à court terme de notre mode de vie axé sur la croissance perpétuelle des consommations, et de notre manque de résilience face à la diminution des énergies fossiles. Alors que tous nos efforts semblent se concentrer sur une légère limitation de nos impacts, c’est une profonde remise en question de nos modes de fonctionnement qui est désormais exigée pour éviter « la catastrophe » humanitaire.

Nous savons tous que nous sommes confrontés à une série de problèmes majeurs (pollution globale, extinction des espèces en masse, fin des énergies fossiles,…) mais notre capacité de déni (notamment celles des institutions les plus rigides) nous empêche de vraiment prendre conscience de tout ce que cela implique, ou même d’imaginer les conséquences d’un effondrement de nos sociétés modernes dont la survie repose sur des procès industriels gourmands en énergie.

Se définissant, non sans humour, comme « collapsologue », Pablo Servigne annonce sans détours que l’Europe sera confrontée, avant 2030, à des chocs systémiques graves qui mettront en danger l’ensemble des systèmes alimentaires industriels. Ainsi, notre sécurité alimentaire ne serait pas garantie. Difficile d’imaginer un scénario où nous n’aurions pas le bras à tendre au supermarché pour avoir de quoi nous sustenter. Et pourtant, il faudra y songer, car tout indique de ce mode de fonctionnement n’est pas pérenne. Que faire pour éviter un scénario à la Mad Max ?

Attention, vous ne sortirez sans doute pas indemne de la conférence qui suit. La clarté des explications du chercheur, ses conclusions quasi-inéluctables et sa vision précise de l’avenir à moyen terme risquent de chambouler votre manière de concevoir le monde et votre impact personnel sur celui-ci. Quels sont les chemins à emprunter, les solutions à mettre en place ? Pablo Servigne en mentionne quelques-uns, mais tout reste encore à construire et à inventer sans plus perdre une minute. Et à ce titre, malgré l’impossibilité de connaître l’avenir, nombre de solutions semblent émerger au quatre coins du monde.



dimanche 16 août 2015

J'ai pas voté!! (Film Complet)

"Si voter changeait quelque chose,
il y a longtemps que ça serait interdit."
Coluche

"La dictature parfaite aurait les apparences de la démocratie, une prison sans murs dont les prisonniers ne songeraient pas à s'évader. Un système d'esclavage où, grâce la consommation et au divertissement, les esclaves "auraient l'amour de leur servitude
Aldous Huxley - "le Meilleur des Mondes" - 1931.

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Extraits :

[...] "le vote est ce qui consacre cette élite de gouvernance. Sans le vote ils ne sont rien." [...] Loïc Blondiaux (professeur de science politique)

[...] "Face à cette crise démocratique, aucun changement n'est envisagé" [...]

[...] "L'élection est-elle réellement le fondement de notre démocratie ?" [...]

[...] "Pour une petite fraction de la population tout se passe bien dans le meilleur des mondes, aujourd'hui, puisqu'ils tirent profit de la démocratie. Donc pour eux, la démocratie va bien, mais pour l'immense majorité, pour les 99 %, dont parlait le mouvement occupy, la démocratie, objectivement, va mal." [...] Loïc Blondiaux (professeur de science politique)

[...] "La crise de 2008 a révélé la servitude volontaire des gouvernements à l'égard de pouvoirs économiques, à l'égard de marchés, qui ne représentent les intérêts que d'une petite fraction de la population qui n'a cessé de s'enrichir depuis un quart de siècle au détriment de l'immense majorité de la population". [...] Loïc Blondiaux (professeur de science politique)

[...] "C'est vrai que de déceptions en déceptions et d'impuissances en impuissances, c'est vrai que ce qui se développe c'est fondamentalement l'abstention, non plus comme avant, il y a des décennies c'était "les vieux qui ne s'occupaient pas trop de politique", "les égoïstes", aujourd'hui on s'aperçoit que la structure idéologique, politique des abstentionnistes est extrêmement politisée." [...] Jean-Paul Jouary (Philosophe)

Jean-Paul Jouary (Philosophe) nous rappel que [...] le début de la révolution française c'est encore l'idéal d’Athènes qui prédomine : C'est le peuple qui décide, c'est le peuple dans la rue, c'est le peuple qui décide de discuter, de déclarer des droits universels et puis, au milieu de la révolution française, il y a un petit texte de l'abbé Sieyès qui dit à un moment donné : "Les citoyens qui se nomment des représentants renoncent et doivent renoncer à faire eux-mêmes la loi, ils n'ont pas de volonté particulière à imposer. s'ils dictaient des volontés, la France ne serait plus cet état représentatif ce serait un état démocratique". Ainsi l'abbé Sieyès, leader révolutionnaire, qui fut l'un des fondateurs du système représentatif actuel, rejettera jusqu'au bout l'idée de créer un véritable gouvernement démocratique et s'opposera fermement à tout système intégrant le peuple aux décisions politiques. [...] malgré l'analyse de Jean-Jacques Rousseau qui considère la représentation comme oligarchique et préférera la démocratie directe, "le peuple ne peut avoir de représentants, parc qu'il est impossible de s'assurer qu'ils ne substitueront point leurs volontés aux siennes et qu'il ne forceront point les particuliers d'obéir en son nom à des ordre qu'il n'a ni donné, ni voulu donner", la révolution donnera naissance à la représentation. C'est bien l'abbé Sieyès qui dictera les réformes politiques. [...] C'est cela qui fonde, encore aujourd'hui, notre système actuel.

[...] "C'est le vote qui est le fondement du lien représentatif dans notre système représentatif" [...] Loïc Blondiaux (professeur de science politique)

[...] "L'acte électoral est, par essence, démocratique, mais si cet acte électoral est conçu comme une délégation de pouvoirs à des représentants qui, ensuite, dirigeront sans consultation du peuple, c'est vrai que cet acte électoral est perçu comme une perte de souveraineté." [...] Jean-Paul Jouary (Philosophe).

[...] "Il faut voter ! Seul moyen d'expression démocratique ! Pour nous en convaincre les pouvoirs publiques organisent des campagnes publicitaires. L'objectif est d'inciter à voter et de réduire l'abstention à un acte anti-démocratique. A l'école on nous apprends à voter pour être un bon citoyen, mais ne l'oublions pas le vote n'est pas le fondement de la démocratie, juste une de ses composantes. Les révolutionnaires ne sont pas morts pour le droit de vote mais pour plus d'égalités et de libertés. Seulement cette idée est tellement inculquée comme un devoir dès le plus jeune âge, qu'il est difficile de s'en défaire."[...]

[...] "Il ne suffit pas de dire qu'on a le suffrage universel pour dire qu'on est en démocratie" Matthieu Aurouet (rédacteur de Causeries-républicaines). L'article 3 de la constitution indique que "la souveraineté nationale appartient au peuple qu'il exerce par ses représentants et par la voie du référendum", le référendum on a vu le résultat, vous vous souvenez, quand aux représentants ils doivent incarner la volonté du peuple mais sans lui ressembler sociologiquement. La constitution n'évoque aucunement l'idée d'avoir une assemblée à l'image du peuple. Actuellement l'assemblée nationale est constituée de 577 représentants du peuple. C'est bien ! Cela devrait permettre une bonne représentation du pays. Mais regardons ça de plus près : En France les ouvriers et les employés représentent plus de 50 % de la population. A l'assemblée, seulement 1,9 % des députés sont de ce milieu. A l'inverse les cadres supérieurs ne représentent que 16 % de la population alors qu'ils composent à plus de 81 % l'assemblée nationale. Quelles en sont les conséquences ? la défense de leurs propres intérêts. Un exemple : 20 % des ménages les plus riches bénéficie de 79 % des réductions d'impôts. On voit bien que l'intérêt général n'est pas à l'ordre du jour de nos députés. [...]
. . .
« Sous la poussée d’une surpopulation qui s’accélère et d’une sur-organisation croissante et par le moyen de méthodes toujours plus efficaces de manipulation des esprits, les démocraties changeront de nature. Les vieilles formes pittoresques — élections, parlements, Cours suprêmes, et tout le reste — demeureront, mais la substance sous-jacente sera une nouvelle espèce de totalitarisme non violent. Toutes les appellations traditionnelles, tous les slogans consacrés resteront exactement ce qu’ils étaient au bon vieux temps. La démocratie et la liberté seront les thèmes de toutes les émissions de radio et de tous les éditoriaux. Entretemps, l’oligarchie au pouvoir et son élite hautement qualifiée de soldats, de policiers, de fabricants de pensée, de manipulateurs des esprits, mènera tout et tout le monde comme bon lui semblera. » Aldous Huxley - "Retour au Meilleur des Mondes" - 1958.

mardi 4 août 2015

Michel Tarin, le syndicaliste paysan, est mort.

Michel Tarin, pilier de la lutte contre le projet de Notre-Dame-des-Landes, opposant au projet d’extension du camp militaire du Larzac, au début des années 1970 et membre fondateur de la Confédération Paysanne, est décédé des suites d'une leucémie. Adieu l'ami on t'aimait bien, rien que pour toi nous gagnerons. Tu seras toujours dans nos luttes, paix à ton âme.


"Ces quelques mots sont écrits en mon nom mais peut-être aussi au nom de ceux qui n' ont connu le visage et la voix de Michel que dans les dernières années au travers de son combat contre l'aéroport de Notre Dame des Landes.

D'autres diront mieux que moi ses qualités, son parcours d'homme et de militant, la vie pleine et riche qu'il a vécue avec ceux qu'il aimait. Comme beaucoup, je ne l'ai rencontré que lorsque sa barbe était déjà blanche et qu'il incarnait une résistance pacifique mais inébranlable à un projet destructeur. Je suis heureuse et fière d'avoir partagé des moments forts avec lui parce qu'il était un homme de bien tout simplement. Il est des rencontres dans nos vies qui sont des chances, des lumières qui brillent et éclairent à jamais notre chemin.

Là d'où j'écris ces lignes, en ces jours de début août, le ciel étoilé loin des grandes villes est une splendeur. Le ciel que Michel aimait puisque ce fils de la terre aimait aussi voler...C'est le moment où l'on peut voir des étoiles filantes d'une beauté fulgurante. Fulgurante comme le sont nos vies humaines, trop courtes toujours. Et c'est aussi chaque soir le scintillement merveilleux et apaisant des étoiles dont certaines continuent à nous envoyer leur lumière, alors qu'elles sont déjà éteintes. Dans le monde des Anciens, ceux à qui les dieux voulaient conférer une part d'éternité, étaient transformés en étoile ou en constellation. Peut-être justement pour que dure l'éclat de la lumière qu'ils avaient apportée aux hommes… Si Michel a été transformé en constellation, il sera sans doute la constellation du bâton, celui du berger, ferme et droit, résistant mais doux au toucher parce que poli longuement, ce bâton dont il disait que ce serait sa seule arme s'il fallait défendre physiquement la terre menacée par la folie de certains hommes. Pas pour attaquer mais pour se défendre, pour marcher aussi avec les autres, pour opposer au mensonge la vérité et le respect du vivant. Existe-t-il une constellation du bâton ? Je ne sais pas...

Mais dans la voie lactée infinie et si belle je choisirai ce soir, en pensant à lui, une étoile modeste et vive dont je ne saurai pas si elle est encore un soleil là-haut loin, très loin ou déjà une géante rouge éteinte. Et peu importe puisque sa lumière arrive encore jusqu'à nous. Michel n'est plus là, mais il est encore là. Même si notre peine est immense, à la hauteur de l'amitié et de l'admiration que nous avions pour lui, son étoile éclaire notre chemin. Et nous demande à tous de continuer."

Françoise Verchère
Le 2 août 2015